À la surprise quasi-générale, le gouvernement Bayrou a récemment annoncé des mesures d’austérité pour le budget de 2026. Des économies de plus de 40 milliards d'euros sont attendues, notamment dans la sphère sociale. Il faut s’attendre à la poursuite de la réduction du périmètre de l’État social avec une contribution supplémentaire des retraités, une diminution des dépenses maladie, une révision des remboursements, ou encore une nouvelle réforme de l’assurance chômage. L’austérité rampante ou déclarée devient le mot d’ordre des politiques économiques françaises, dont la cohérence devient de plus en plus discutable. Contrôler la dépense sans imaginer la hausse des recettes par un surcroît d’activité est vain en soi.

publié le 16/05/2025 Par Frédéric Farah
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Il est des annonces parfois curieuses qui sont comme étrangement décalées. L’une d’entre elles est celle du Premier ministre François Bayrou, pourtant pas au fait de sa popularité, qui a décidé d'annoncer aux Français 40 milliards d'euros d’économies pour le budget de 2026. À l’heure du réarmement jugé nécessaire, de l’engagement des investissements massifs en matière de transports et de la décarbonation de l’économie, le gouvernement de la France appelle... à un nouveau virage austéritaire. L’incompréhension du moment historique inquiétant que nous vivons est patente.

« Les règles budgétaires de l’Union européenne rendent inévitable ce tournant » : c’est ce que semble dire un concert de voix dont l’orthodoxie n’est plus à démontrer, de la Cour des comptes jusqu'au Haut conseil des finances publiques. Une assemblée d’éditorialistes et d’experts appellent à longueur de temps à prendre à bras le corps les maux de la France, visant une dépense publique excessive, un manque de travail et des lacunes en matière de formation. Mais la véritable cible est la dépense sociale, ce que Jean-Paul Fitoussi a nommé subtilement « la part socialiste dans le capitalisme ».

L’État social, par ses mécanismes de redistribution, par ses services publics, par sa « démarchéisation » du revenu (comme dans le cas du SMIC et de la mensualisation des salaires), a introduit du non-marchand, de la propriété collective comme autant de grains de sable dans la recherche effrénée du profit. Cependant, l’État social, loin d’être un frein pour l’activité économique, en a été son principal allié : les fruits de la croissance ont été mieux répartis et des pans entiers de la population ont vu leur sort s’améliorer des années 1950 aux années 1980.

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