Le Premier ministre François Bayrou, dans une conférence récente, s’est adressé aux Français pour leur expliquer la situation dans laquelle notre pays se trouve. Bien évidemment, ce dernier a utilisé toutes les ficelles de la dramaturgie néolibérale pour nous préparer à un mélange d’austérité et de réformes dont nous connaissons largement le contenu en matière sociale et fiscale. Et tout cela habillé d’une prétendue pédagogie censée faire consensus, jouant tour à tour l’économiste ou bien encore le prêtre Paneloux dans La Peste de Camus, qui expliquait aux habitants d’Oran qu’ils étaient responsables du malheur qui les frappait. Mais derrière ces propos convenus et inquiétants, il nous faut voir avec lucidité ce qu’ils révèlent : l’échec massif de nos « élites », qui ont conduit la France vers les difficultés que l’on connaît. La désinflation compétitive, la marche à l’euro, l’ouverture mal contrôlée de nos économies ou encore le cadre européen, expliquent autrement mieux l’état de nos finances publiques qu’une France impécunieuse et peu apte au travail.
Le Premier ministre François Bayrou, dans une retentissante conférence intitulée « La vérité permet d’agir », voulait proposer un diagnostic franc et indiscutable de la situation économique française. Presque cinquante ans après Raymond Barre, nous voilà de nouveau face à un Premier ministre qui fait la leçon aux Français pour leur expliquer chiffres à l’appui combien le pays est au bord de nombreux périls. L’ancien grammairien se voulait économiste, mais il n’est pas dit que le passage d’une discipline à l’autre se soit réalisé de manière heureuse. L’économie a sa grammaire et M. Bayrou feint de savoir la maîtriser, ou bien nous laisse-t-il croire que la situation est catastrophique de manière habile pour imposer de nouveaux arbitrages défavorables au plus grand nombre ?
Il serait bon de reprendre étape par étape cette conférence pour mesurer combien le tableau proposé est biaisé. Une revue de détail est nécessaire pour dévoiler tant de lièvres. Le Premier ministre s’est employé à énoncer des évidences qui n’en sont pas et qui méritent largement débat.
La France ne produit pas assez
Dans sa conférence, le Premier ministre, fort de quelques courbes, montre que la France ne produit pas assez en comparant des pays à la taille et au PIB fort différents, allant des Pays-Bas jusqu’aux États-Unis. Pour se faire proche des Français, il indique des différences de PIB entre les pays et s’empresse d’ajouter que si le PIB avait été d’une autre nature, le salaire des Français aurait été supérieur à 2 500 euros. La mystification est assez effrayante.
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