« Nos politiques rafistolent un système ni viable ni soutenable » Alain Lambert

Alain Lambert (1946-), ancien notaire, est un homme politique français. Il a été sénateur de l’Orne pendant presque vingt ans (1992-2010), période durant laquelle il a également occupé les postes de Président de la commission des finances du Sénat (1998-2002) puis de ministre délégué au Budget (2002-2004).

Olivier Berruyer : M. Lambert, quel regard portez-vous sur la crise actuelle ?

Alain Lambert : Cette crise est le résultat de phénomènes qui se sont additionnés au cours des décennies précédentes. Le premier choc pétrolier aurait dû remettre en cause le fonctionnement de l’économie mondiale. Mais les dirigeants politiques de l’époque l’ont perçu à tort comme un accident conjoncturel et n’ont pas senti qu’il allait modifier structurellement l’organisation économique du monde.

Dans un premier temps, les hausses de pétrole et le ralentissement de l’économie ont été financés par des déficits très élevés. Jacques Chirac, comme Premier ministre de Giscard, a engagé massivement les finances publiques dans un plan de relance qui n’a pas produit de grands effets. Dès cette période, on a pensé que le problème économique résultant du choc pétrolier pourrait se résoudre par des plans de relance à répétition, alors que l’organisation économique du monde changeait structurellement.

Les fondations d’un nouvel ordre économique mondial auraient dû être posées. Cela n’a pas été fait et, nous ne cessons, depuis lors, de chercher des solutions aux crises qui se succèdent ici ou là, partout dans le monde. Nos politiques rafistolent un système devenu ni viable ni soutenable. La crise de 2008 et ses effets jusqu’à aujourd’hui ne sont qu’une énième séquence du choc pétrolier de 1973.