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Depuis mars 2020, le déficit budgétaire de l’État français s’est creusé de manière spectaculaire, encore davantage qu’à la suite de la crise des subprimes. Cependant, en septembre 2021, le creusement du déficit a commencé à se résorber légèrement et s’établit à 152 milliards d’euros à la fin du troisième trimestre.

publié le 21/12/2021 Par Élucid
En 2021, un début de résorption du déficit ?

En 2020, le déficit français s’est creusé soudainement à partir du mois de mars, sous l’effet du ralentissement de l’économie lors du début de la crise sanitaire. Le graphique ci-dessous montre en effet que jusqu’à la moitié du mois de février, le déficit s’est creusé moins vite en 2020 qu’en 2019. Puis, le confinement du mois de mars a commencé, et l’économie s’est fortement contractée : le déficit s’est établi à 173 milliards d’euros fin 2020. Selon l’évaluation de la Cour des comptes, la crise sanitaire aurait entraîné 85 milliards d’euros de dépenses supplémentaires pour l’État par rapport à 2019.

En 2021, le déficit s’est creusé encore plus rapidement qu’en 2020, puisqu’il s’établit à 152 milliards d’euros fin septembre 2021, contre 138 milliards d’euros en 2020 à la même période. On note même que le déficit français s’est réduit au mois de septembre : il s’établissait à 157 milliards à la fin du mois d’août.

On observe également qu’en 2019, le déficit s’était davantage creusé que lors des deux années précédentes, partiellement en raison des mesures ponctuelles de pouvoir d’achat décidées par le gouvernement en réaction au mouvement des « Gilets jaunes ». Ces dépenses exceptionnelles ont représenté 17 milliards d’euros.

Le premier choc de la crise des subprimes

L’observation de l’évolution mensuelle du déficit budgétaire de l’État français de 2007 à 2018 permet de distinguer plusieurs trajectoires sur la décennie. En 2007 et 2008, avant la crise des subprimes, le creusement du déficit budgétaire français est moins important que les années suivantes. Ainsi en 2007, le déficit se creuse de « seulement » 38,2 milliards d’euros.

Même si la crise des subprimes arrive réellement en France en 2009, ses premiers effets se font sentir en 2008. Les courbes du déficit de 2007 et 2008 commencent à diverger à partir du mois de septembre, au moment où le gouvernement américain décide de laisser la banque Lehman Brothers déposer le bilan, un événement qui propage la crise à l’échelle mondiale. Le déficit français fin 2008 est alors de 57 milliards d’euros.

En 2009 et 2010, divers plans de relance sont décidés. Au total, 34 milliards d’euros sont mobilisés en soutien à l’économie et aux ménages les plus fragiles. Ces plans de relance combinés à une récession historique contribuent à creuser le déficit de 130 milliards d’euros en 2009 et de 150 milliards d’euros en 2010.

La croissance française reprend à partir de 2011 et les plans de soutien à l’économie s’arrêtent : s’engage alors une phase d’austérité dans toute l’Europe jusqu’en 2013. Entre 2011 et 2018, on constate une trajectoire budgétaire similaire, avec un déficit qui se creuse chaque année entre 70 et 90 milliards d’euros : moins qu’en 2009 et 2010, mais davantage que lors de la période d’avant crise.

Un quadruplement du déficit depuis 1995

Depuis vingt-cinq ans, les dépenses de l’État français n’ont fait qu’augmenter, passant de 300 milliards sur l’année 1995 à 493 milliards au 1er septembre 2021. Jusqu’en 2008, cette montée des dépenses était régulière et accompagnée par une montée des recettes de même ampleur. Le déficit de l’État français se creusait chaque année d’environ 40 milliards d’euros.

À partir de 2008, on voit que les conséquences de la crise des subprimes sur le budget de l’État ont été spectaculaires. La crise économique engendre l’affaissement de la croissance — donc des recettes de l’État — qui tombent à 250 milliards d’euros fin 2009, retrouvant ainsi leur niveau de 1995. Parallèlement, les dépenses de l’État explosent, afin de soutenir l’économie : elles atteignent 425 milliards d’euros en 2011.

Sous l’effet conjugué de la baisse des recettes et de l’augmentation des dépenses, le déficit de l’État français atteint 147 milliards d’euros fin 2010, soit trois fois et demi son niveau moyen des 15 années d’avant crise.

- Après 2011, les dépenses publiques baissent, sous l’effet de la fin du plan de relance. Après une période de stabilité entre 2012 et 2015, elles recommencent à progresser légèrement en 2016, pour atteindre 400 milliards sur l’année 2019.

- Parallèlement, les recettes de l’État réaugmentent progressivement, sans toutefois revenir à leur niveau de 2008. De 2013 jusqu’en 2021, elles se stabilisent autour de 300 milliards d’euros chaque année.

- Entre 2014 et 2018, le déficit de l’État se stabilise autour de 75 milliards d’euros chaque année. La crise des Gilets jaunes, puis du Covid-19, font repartir le déficit à la hausse, dans des proportions différentes.

Depuis 1995, l’État a donc à plusieurs reprises creusé son déficit pour soutenir l’économie française frappée par les crises, mais aussi procédé à de nombreuses baisses d’impôts envers les entreprises, ce qui a érodé sa base fiscale. Encore aujourd’hui, les recettes de l’État n’ont toujours pas retrouvé leur niveau d’avant la crise de 2008.

Sur cette période de vingt-cinq ans, le déficit annuel de la France a presque été multiplié par quatre, avec une hausse fulgurante en 2020, en raison des dépenses enregistrées pour faire face à la crise du Covid-19. En 2021, les dépenses budgétaires de l’État ont encore augmenté, et le déficit français s’établit à 152 milliards fin septembre 2021, un chiffre plus élevé qu’en 2020. Si elle se prolonge, la résorption du déficit constatée au mois de septembre 2021 résultera peut-être en un déficit annuel inférieur à celui de 2020 sur l’ensemble de l’année.

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