À l’approche d’une ratification peut-être imminente du traité de libre-échange avec les pays du Mercosur, les agriculteurs donnent de la voix et espèrent que la France sera en mesure de conduire une coalition de pays qui entraveront le processus en cours.
Dix ans auparavant, les agriculteurs se rassemblaient déjà contre les négociations entamées par la Commission européenne pour conclure un vaste accord de libre-échange avec les États-Unis. C’était le fameux traité transatlantique ou TAFTA. Ces mobilisations n’ont pas désempli lorsqu’il s’est agi de lutter contre le traité avec le Canada entré en vigueur depuis.
Malgré les vents mauvais du monde – montée en puissance du protectionnisme, concurrence déloyale entre les États en actionnant les leviers fiscaux et sociaux, vulnérabilité accrue de nos économies en matière sanitaire, militaire –, l’Union européenne ne dévie pas de son agenda libre-échangiste, convaincue par son idéologie libérale que c’est la seule voie à suivre pour obtenir la croissance qui se dérobe depuis presque 20 ans dans l’UE.
Le vif débat sur la ratification de ce traité de libre-échange avec les pays du Mercosur raconte l’entêtement européen et ses conséquences économiques et sociales pour des secteurs entiers de l’économie. Aujourd’hui comme hier, ce sont les agriculteurs de certaines filières comme la bovine qui sont vent debout. Pour comprendre au plus près ce qui se joue là, il faut refaire le chemin inverse pour entendre les fondements de la stratégie de la Commission européenne et surtout les raisons de sa persistance malgré les contestations grandissantes à son sujet.
La stratégie de la Commission : accords de libre-échange et réformes structurelles internes
En 2006, la Commission européenne s’était engagée dans une série d’accords hybrides qui ne peuvent se réduire au traditionnel libre-échange. D’ordinaire, le libre-échange se définit comme une doctrine politique et commerciale qui a pour vocation d’abaisser des tarifs douaniers pour permettre la libre circulation des biens entre les nations. Ces traités ont émaillé l’histoire économique. On peut penser au traité Cobden Chevallier de 1860 entre la France et l’Angleterre. Lors de sa ratification, le politique français Adolphe Thiers affirmait que le libre-échange était « le droit du plus fort ».
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