Les institutions qui ont façonné le monde d’après la Seconde Guerre mondiale comme les Nations-Unies ou l’Organisation mondiale du commerce, enfant du GATT des années 1940, sont au cœur d’une crise profonde. Manipulations monétaires, dumping social fiscal sont devenus l’ordinaire des relations commerciales. Et loin de diminuer, cette tendance s’aggrave. Dans un système international qui va à vau-l’eau, la guerre des monnaies est-elle aussi l’horizon des années à venir ?
Dans le sillage de la crise de 2008-2009, les différentes Banques centrales du monde et particulièrement celle des États-Unis et du Japon avaient lancé des politiques monétaires non conventionnelles pour soutenir leurs économies prises dans la tourmente des conséquences des subprimes. En 2010, le ministre de l’Économie du Brésil Mantega dénonçait une « guerre des monnaies », tant la Chine et les États-Unis dans leur duel monétaire mettaient en difficulté les pays émergents d’alors. Les États-Unis tentaient de dévaluer leur monnaie pour gagner en compétitivité, et la Chine faisait de même. L’arme du change est redoutable dans la course à la compétitivité mondiale puisqu’elle agit sur les prix des biens.
Les années 2011-2012 ont été ainsi le moment d’intenses réflexions sur la réforme du système monétaire international. L’idée récurrente était de faire émerger un système multipolaire pour contrebalancer la toute-puissance du dollar. Cela apparaissait comme une nécessité pour surmonter ce que l’on nomme le paradoxe de la devise clef, à savoir être bonne pour le pays émetteur – en l’occurrence les États-Unis puisqu’il s’agit du dollar – et aussi pour le reste du monde. Tout un chacun garde en tête la célèbre phrase de Connally, le secrétaire d’État au trésor de l’administration Nixon : « Le dollar est notre monnaie, mais c’est votre problème ».
Mais si la place du dollar, la valeur du Yuan chinois, les déséquilibres mondiaux en termes d’épargne, d’excédents et de déficits commerciaux ont pu apparaître centraux avant et tout de suite après la crise des subprimes, la question de l’organisation du système monétaire international est devenue secondaire au regard des crises qui sont survenues par la suite, qu’il s’agisse de la pandémie du Covid, de la crise énergétique ou de la guerre en Ukraine.
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