Assistons-nous aux prémisses de guerres de l'eau en France ? Quels sont les enjeux environnementaux et politiques des « méga-bassines » et qu'est-ce que leur utilisation dit de nos logiques de développement et de notre rapport aux ressources ?
Tout d’abord, de quoi parle-t-on ? Comme l’indique le nom que leur donnent leurs opposants, les « méga-bassines » sont des réservoirs d'eau artificiels, plastifiés et imperméables, qui peuvent s'étendre sur plusieurs hectares. De la taille d'une dizaine terrains de football, ces bassins sont capables de contenir l'équivalent de 300 piscines olympiques.
Parce que la sécheresse a sévi l’été dernier, de plus en plus de bassines du type de celle de Saint-Soline sont installées dans le pays. Mais contrairement aux réserves dites « collinaires », alimentées par le ruissellement des eaux de pluie, l'eau de ces bassins est directement puisée dans les nappes phréatiques ou les cours d'eau, lors de la période hivernale.
Il s’agirait donc de constituer des réserves d’eau à ciel ouvert, ce qui est un non-sens, car lorsqu’on stocke l’eau de manière artificielle, on assèche les sols et on brise la continuité écologique. D’autant que l’eau stockée en surface stagne et s’évapore.
Plusieurs scientifiques estiment que 20 à 40 % de cette eau serait ainsi perdue, sans compter que sa qualité peut aussi être affectée par le phénomène d’eutrophisation et l’apparition de bactéries ou de micro-algues. Christian Amblard, spécialiste des systèmes hydrobiologiques au CNRS, rappelle que « pour avoir une bonne gestion de la ressource en eau, il faut tout faire pour qu’elle s’infiltre dans le sol ».
Entendre consommer l’eau est plus que légitime, mais c’est oublier d’où elle vient et quelle est sa fonction écologique première : le premier utilisateur de l’eau est le milieu naturel. Considérer que les êtres humains doivent l’accaparer et la stocker dans des projets absolument artificiels favorisant le gaspillage correspond à la mentalité forgée depuis près de soixante ans par l’agriculture conventionnelle aux penchants industriels : l’homme contre le reste de l’environnement.
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