Greenwashing : non, le plus grand paquebot du monde n'a rien d'écologique

Cinq fois la taille du Titanic, 365 mètres de long, vingt étages, 250 000 tonnes et une capacité d’accueil de 7 500 passagers, sans compter les 2 350 membres d’équipage : les dimensions de l’Icon of the Seas – le nouveau paquebot de la compagnie Royal Caribbean qui circulera à partir de 2024 – ont de quoi faire bondir. À l’heure de l’urgence climatique, ce secteur économique dévastateur pour l’environnement, qui connaît un net rebond depuis la crise sanitaire, opère désormais à grands coups de greenwashing pour se prétendre écologique.

publié le 19/09/2023 Par Camille Musikian

C’est un secteur qui ne connaît pas la crise : en nette progression depuis les années 1990 – où on comptait 3,7 millions de passagers – le nombre de croisiéristes devrait de nouveau dépasser cette année le niveau atteint avant la crise sanitaire, avec 31,5 millions de passagers, selon l’Association internationale des lignes de croisière (CLIA), qui regroupe 93 % des compagnies.

Rebond post-pandémie

La très forte chute enregistrée pendant la crise sanitaire, loin de donner lieu à une remise en cause de cette forme de tourisme (le fameux « monde d'après »), n’aura donc été qu’un mauvais souvenir pour l’industrie des croisières. Et les prévisions misent sur une poursuite de la tendance, avec une croissance de 19 % d’ici 2028. La flotte de paquebots géants pourrait ainsi atteindre 80 navires d'ici 2024, contre 38 aujourd'hui. 67 paquebots sont en construction dans le monde – certains à Saint-Nazaire – dont 40 % offriront une capacité de 1 000 à 3 000 personnes, et 25 % davantage.

Car l’heure est à la course au gigantisme : sept piscines, un minigolf, une patinoire, un casino, une quinzaine de bars et restaurants, un simulateur de surf et même un quartier « Central Park ». Pour Royal Caribbean, dont les bateaux occupaient neuf des dix places des plus gros paquebots au monde en 2022, il s’agit toujours de faire plus grand et plus superflu. Mais attention, « pas plus polluant » affirme la compagnie, puisque l’Icon of the Seas fonctionnera... au gaz naturel liquéfié (GNL).

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