Le 2 janvier 2023, la justice a prononcé un non-lieu dans le dossier du chlordécone, pesticide interdit depuis 1990 en France métropolitaine. Les Antillais, premiers concernés, n’ont pas manqué de dénoncer un risque de « déni de justice ».
C’est une référence pour les militants écologistes et un aperçu de l’immobilisme politique dans la lutte contre les pesticides. En 1962, la biologiste états-unienne Rachel Carson publiait Le printemps silencieux, un ouvrage dénonçant les ravages des pesticides sur l’environnement, et plus particulièrement les oiseaux. Carson avançait que le DDT était à l’origine de coquilles d’œufs plus fines à l’origine d’une hausse de la mortalité et des problèmes de reproduction.
L’autrice accusait également l’industrie chimique de pratiquer la désinformation et les autorités publiques de répondre aux attentes du secteur incriminé sans lancer d’enquêtes au sujet de la dangerosité de produits abondamment utilisés. Le silence, c’est celui des oiseaux en train de mourir et celui des pouvoirs publics, volontairement impuissants dans les prémisses de la révolution verte.
Bien que peu regardants sur la teneur des pesticides épandus sur leurs terres, les États-uniens ont pourtant interdit le chlordécone en 1976. Après l’interdiction, 90 % des 1 600 tonnes de chlordécone produites aux États-Unis ont été exportées vers l'Europe, l'Asie, l'Amérique latine et l'Afrique. Si on s'en tient à cette évaluation, ce sont environ 160 tonnes qui ont été utilisées aux États-Unis et au Canada, et plus de 1 400 tonnes qui ont été épandues sur le reste de la planète (dont environ 120 tonnes utilisées avant 1981 aux Antilles afin de lutter contre le charançon dans les bananeraies).
Le chlordécone est toujours présent dans les sols antillais, où il peut se maintenir encore six siècles. Sa molécule, LA chlordécone, contamine particulièrement les légumes-racines (patates douces, carottes, ignames, etc.), bases de l’alimentation, en remontant dans la plante. Le chlordécone s’infiltre jusque dans les eaux de captage et les eaux marines ; par conséquent, il contamine les produits de la pêche, ce qui a obligé les autorités politiques locales à mettre en place des zones d'interdictions de pêche.
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