Selon bon nombre de commentateurs, l’absence de majorité absolue à l’Assemblée nationale pour le pouvoir en place ferait planer le spectre d’une France paralysée, rendue « ingouvernable » par la fragmentation partisane de la chambre nouvellement élue. Si cette perspective ne semble guère crédible, il existe cependant un risque réel de paralysie politique, pour des raisons beaucoup plus profondes.
Il y a d’abord eu une très tardive annonce de candidature, sur un mode résigné : « il va falloir y songer à un moment » ; une campagne sans programme, réduite à une poignée de meetings, avec des discours que l’esprit conquérant de 2017 avait désertés. Il y a eu ensuite une réélection convenue, entérinée par une cérémonie sans âme, où le Verbe présidentiel s’est abîmé dans des formules creuses : « un président nouveau » pour « un mandat nouveau ». Puis l’attente interminable de la désignation d’un nouveau Premier ministre, et enfin, l’échec relatif des élections législatives, par lequel les Français ont indiqué clairement les limites du pouvoir qu’ils confiaient à un président dont l’immense majorité ne souhaitait pas la réélection. Cet échec fut évoqué à l’occasion d’une prise de parole, quelques jours plus tard, qui étonna tout un chacun par son absence de contenu.
Depuis quelques mois, le Président Macron semble donc frappé d’une étrange langueur, comme s’il était désorienté, gagné par une forme d’incertitude et de désarroi au seuil de ce second quinquennat à propos duquel il n’affiche aucune ambition particulière - au-delà de quelques formules creuses et convenues destinées à faire illusion le temps d’une allocution. Son absence de programme parfaitement assumée laisse penser qu’il n’a même plus la force de faire semblant, où qu’il n’estime plus nécessaire de simuler le volontarisme.
La « grande transformation » qu’il souhaitait appliquer au pays en 2017 s’est traduite dans les faits par une révolte populaire d’une ampleur inédite qui a fait trembler le pouvoir, et par un délitement accéléré des grandes structures étatiques (hôpital public, enseignement, police, justice, haute administration - avec la dissolution des grands corps et la suppression de l’ENA). Son projet grandiose de « refondation de l’Europe », dont il faisait - fait révélateur - le but principal de son premier mandat, a quant à lui échoué en raison de son caractère historiquement dépassé.
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