Le fonctionnement de la zone euro a participé et participe encore à l’ingouvernabilité des sociétés européennes et à l’érosion de la démocratie. Et la gestion de la crise des dettes souveraines à partir de 2011 est le point de départ d’une aggravation de l’instabilité gouvernementale dans les démocraties du sud de l’Europe.
En Italie, le gouvernement de Silvio Berlusconi, pourtant peu enclin au socialisme, est apparu comme un insuffisant promoteur des réformes libérales inspirées par la Commission européenne. À l’été 2011, le gouverneur de la Banque centrale d’alors, Jean-Claude Trichet, faisait parvenir au président du Conseil italien une feuille de route à tenir. Estimant que ce document resterait lettre morte, une véritable spéculation sur la dette italienne s’abat alors sur les obligations du pays. En novembre 2011, Silvio Berlusconi quitte le gouvernement et laisse place à un gouvernement technique dirigé par Mario Monti, c’est-à-dire un gouvernement nommé par le président de la République qui pouvait bénéficier de l’appui des forces politiques en présence, et qui avait vocation à apporter des réponses urgentes à une situation d’exception.
Le gouvernement inflige au pays une terrible cure d’austérité par la contraction des dépenses publiques. Et jusqu’à l’élection de Giorgia Meloni en 2022, l’Italie a connu une instabilité politique, caractérisée par des gouvernements mal élus, mais qui devaient montrer patte blanche en matière européenne. Il appartenait désormais aux présidents de la République italienne de s’assurer de la conformité des ministres aux engagements européens.
Ces interférences ont également pu être observées en Grèce, à travers la démission forcée de Giórgos Papandréou en 2010, puis par la mise en échec du printemps grec de 2015 au moyen d’une restriction des liquidités bancaires organisée par la Banque centrale européenne. Au Portugal également, lorsque le gouvernement de gauche arrive au pouvoir en 2015, le président de la République portugais tente d’empêcher la formation d’un gouvernement d’une orientation différente de l’austérité promue par la Commission.
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