Giorgia Meloni, encombrée d’un passé peu recommandable mais largement assumé par elle, a du montrer patte blanche pour éviter une tempête spéculative sur la dette de l'Italie et entamer une dérive antidémocratique du pouvoir. Il a fallu pour cela ne pas franchir deux lignes rouges : l’une auprès de Washington en montrant son soutien indéfectible à l’Ukraine, et l’autre auprès de Bruxelles en abdiquant face à l'orthodoxie économique.

publié le 24/06/2024 Par Frédéric Farah

L’arrivée au pouvoir de l’extrême-droite de Giorgia Meloni il y a deux ans a pu représenter un certain séisme politique. Certes, c’est une coalition qui a remporté les élections législatives, mais de ses trois composantes – Forza Italia, la Lega et fratelli d’Italia – c’est cette dernière, celle de Giorgia Meloni, qui recueillait le plus de voix. L’Italie, après avoir connu une longue période d’instabilité gouvernementale depuis 2011 et divers essais de coalitions parfois étonnantes – comme celles qui ont uni le mouvement cinq étoiles et la Lega de Matteo Salvini pourtant idéologiquement opposés – voyait enfin surgir une majorité stable. La coalition de droite obtenait 237 sièges sur 400 au Parlement et 115 sièges sur 200 au Sénat.

Pour la première fois en 10 ans, les électeurs envoyaient au Parlement une majorité clairement orientée à l’extrême-droite de l’échiquier. Mais contrairement aux coalitions dites populistes de la période d’avant le Covid, le discours avait passablement changé puisqu’il ne s’agissait plus de mettre en avant la sortie de l’Union européenne ou l’abandon de la monnaie unique. L’Italexit apparaissait remisé à plus tard.

Giorga Meloni ouvrait une nouvelle ère inquiétante dans l’histoire de la IIe République italienne, puisqu’elle portait pour héritage une filiation clairement revendiquée à une figure du néofascisme de l’après-guerre, le mouvement social italien d’Almirante. Ce mouvement a représenté une force non négligeable dans l’histoire de la Ière République italienne. La démocratie chrétienne s’en accommoda très largement dans les années 1950, pour ne dire que cela.

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