Pour l'ancien ambassadeur français, la disparition de la diplomatie d'intérêts au profit d'une diplomatie des valeurs, écarte toute possibilité de compromis ou de dialogue, et accroît sans cesse le risque de guerre. Dans cet entretien exclusif réalisé par Olivier Berruyer en 2015, Gabriel Robin revient sur les dérives de l'ingérence humanitaire, la crise ukrainienne de 2014, la vision géostratégique de Brzesiński, les conflits au Moyen-Orient, l'intervention en Libye et la première guerre d'Afghanistan.

publié le 11/09/2022 Par Olivier Berruyer
« L’Europe n'est ni européenne ni nationale, elle n'est rien » - Gabriel Robin

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Né en 1929 et décédé en 2022, Gabriel Robin est un ancien ambassadeur français. Il étudie à l’ENA et à l’École normale supérieure avant d’entamer une remarquable carrière dans l’administration française, s’occupant principalement de politique étrangère. Il occupe les postes de Détaché à la représentation permanente auprès des Communautés européennes à Bruxelles (1961-1969), Conseiller diplomatique de Georges Pompidou (1973-1974) puis de Valéry Giscard d’Estaing (1974-1979), ou encore Ambassadeur auprès de l’OTAN (1987-1993).

Olivier Berruyer : En 2014, dans une interview pour le Spiegel, Henry Kissinger affirmait que : « Le traité de Westphalie a été fondé sur la nécessité de parvenir à un arrangement avec l’autre, pas sur une sorte de moralité supérieure. Les nations indépendantes ont décidé de ne pas intervenir dans les affaires des autres États. Ils ont créé un équilibre des forces qui nous manque aujourd’hui ». En effet, aujourd’hui il semble que nous agissions, non pas pour défendre des intérêts, mais des valeurs, à l’instar des Droits de l’homme. Qu’en pensez-vous ?

Gabriel Robin : Ce traité de Westphalie a fondé la paix en Europe. Lorsqu’il a été violé, la paix a été rompue. Autrement dit, l’unique moyen de vivre en paix, pour des pays qui sont différents par leurs histoires, leurs cultures et leurs populations, c’est que chacun soit maître chez soi. Malheureusement, des gouvernements peuvent se comporter mal avec leur population. Situation triste, mais qui ne regarde pas les autres États. L’État n’est pas une affaire qui concerne l’étranger.

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