Les câbles sous-marins qui transportent le trafic Internet relient le monde en traversant des eaux dangereuses. Cela les rend vulnérables à des atteintes d'ordre géopolitique. Mais ces câbles sont un vestige d'une époque plus paisible, où les opérateurs n'avaient pas à se préoccuper autant des questions géopolitiques. Aujourd'hui, il n'est plus sûr de construire de nouveaux câbles reliant, par exemple, les États-Unis et la Chine. Nous entrons dans l'ère du rideau de fer sous-marin.
Selon l'ENISA, plus de 97 % du trafic Internet mondial passe par des câbles sous-marins à un moment ou à un autre. Ce sont ainsi près de 1,4 million de kilomètres de fibres métalliques qui sillonnent les océans pour accélérer le trafic Internet dans le monde entier. Les câbles sous-marins sont aujourd’hui un élément essentiel de l'infrastructure mondiale de l'Internet et les grandes puissances comme les États-Unis ou la Chine, en pleine « Guerre froide sous-marine », ont décidé de mener une bataille stratégique dans les profondeurs. À cela s'ajoute, notamment depuis le début de la guerre en Ukraine, le danger physique qu'une puissance telle que la Russie puisse « couper » les câbles et priver le continent européen d'Internet – une menace jugée comme potentielle et crédible par le ministère français des Armées, qui n'adapte pas sa stratégie diplomatique pour autant.
Le gouvernement chinois a commencé à pénétrer avec succès le marché mondial, mais les administrations américaines successives ont depuis lors réussi à exclure la Chine de vastes pans de ce marché. Cela s'explique apparemment par des craintes d'espionnage et des inquiétudes quant à ce que Pékin pourrait faire pour perturber les actifs stratégiques exploités par des entreprises chinoises en cas de conflit. En 2020, le gouvernement américain a, d'une part, lancé l'initiative « Clean Network » qui vise à interdire les nouveaux câbles reliant directement les États-Unis à la Chine ou à Hong Kong, et d'autre part, a recommandé à la Commission fédérale des communications (FCC) de refuser l'octroi de licences de câble pour le Pacific Light Cable Network (PLCN), parce que l'acheminement de données américaines via Hong Kong poserait « un risque pour la sécurité nationale ».
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