Alors que la Commission européenne ne parvient pas à renoncer à sa défense du libre-échange quoi qu’il en coûte, la France manifeste une ambiguïté inattendue lorsque l’Europe-puissance tente de se concrétiser, tout en luttant de manière dérisoire pour faire exister « l’Europe » dans la résolution du conflit russo-ukrainien. Dernières nouvelles de Bruxelles.

publié le 14/05/2025 Par Éric Juillot
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Il y avait quelque chose de surprenant dans les droits de douane imposés par l’Union européenne aux automobiles chinoises en octobre dernier. Sous la pression de certains États, la Commission européenne avait pris cette initiative que l’on pouvait légitimement qualifier alors de contre-nature. Si la faiblesse desdits droits (35 % dans le meilleur des cas) limitait drastiquement l’effet protecteur qui pouvait en être attendu, leur existence même semblait témoigner d’une mue idéologique spectaculaire, tant l’histoire de l’UE témoigne de son lien consubstantiel au libre-échange.

Le libre-échange, un combat existentiel pour l’Union européenne

Il ne fallait – hélas ! – point trop espérer à ce sujet : les autorités de l’Union européenne ont reconnu il y a peu qu’elles négociaient activement la suppression de ces droits de douane avec leurs homologues chinoises. On ne voit pas ce qu’elles pourraient obtenir en retour qui serait favorable à l’UE dans son ensemble, et à la France en particulier. L’avance technologique de la Chine dans le domaine des voitures électriques, la gigantesque surproduction qui la caractérise, sa volonté d’inonder le marché européen pour compenser la quasi-fermeture du marché américain avant même la réélection de Donald Trump : tout converge pour provoquer un désastre industriel en forme d’effondrement productif à l’échelle de l’UE si Bruxelles renonce à utiliser la seule arme qui peut le prévenir.

Il semble malheureusement que l’attachement irrationnel au libre-échange et la foi dans sa supériorité principielle sur-déterminent la volonté de négocier avec Pékin, au détriment d’une analyse objective de la menace et du rapport de force. Il faut donc regretter, une fois de plus, que de telles négociations soient menées par une cohorte de fonctionnaires supranationaux chargés d’élaborer un compromis acceptable pour les 27 États membres aux intérêts et aux cultures économiques différents. Difficile de concevoir une organisation institutionnelle plus inefficace et plus illégitime que celle-ci.

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