Entre politiciens interchangeables et règne des experts, formules creuses et vœux pieux non suivis d’effets, le souvenir d’hommes politiques haranguant les foules et tenant tête à « l’hégémon » américain contraste avec des figures médiocres et interchangeables qui feignent la surprise devant la défiance du peuple et la « montée » des « populismes ». Comment s'explique la fin du politique ?
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Pour Pierre Birnbaum, historien, sociologue et auteur de La fin du politique, le politique est le « lieu, ou l’espace, d’affrontement des acteurs sociaux » et le « lieu d’expression des oppositions ». Julien Freund, ami fidèle du juriste Carl Schmitt, résumera sa vision de la chose politique par cette célèbre sentence : « Il n’y a de politique que là où il y a un ennemi ». En définitive, s’il n’y a pas d’ennemi, il n’y a pas de politique.
Depuis le triomphe du libéralisme politique en Occident (et le fameux There is no alternative de Margaret Thatcher), nous assistons à une « pacification » : finies les bastonnades quotidiennes entre colleurs d’affiches, règlements de compte physiques entre députés au cœur de l’hémicycle, assassinats politiques et débats passionnés autour des projets de loi jusqu’au bout de la nuit dans une assemblée pleine à craquer.
Pourtant, il émerge de nouveaux affrontements qui reprennent le même schéma de désignation de l’ennemi : « populisme contre establishment », « peuple contre classe dirigeante » ou encore « vaccinés contre non vaccinés ». Emmanuel Macron n’a-t-il pas « désigné l’ennemi » en rejetant l’échec du vote du budget du gouvernement Barnier sur « un front anti-républicain » jugé « irresponsable » ?
Libéralisme et démocratie
Le philosophe Jean-Claude Michéa a démontré que le libéralisme a vu le jour comme réponse à une volonté de pacification de la société après les guerres de religion. Pour lui, et ramené à ses principes essentiels, le libéralisme est le « projet d’une société minimale dont le droit définirait la forme et l’économie, le contenu ». Le marché libre est l’alpha et l’oméga de toute société libérale ; le droit est appelé à gérer les différends entre individus aux choix économiques rationnels et réguler les relations sociales. De ce fait, la violence de la société se dissipe dans les tribunaux et non dans l’espace politique.
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