Jusqu'à récemment, Marine Le Pen appelait à la plus grande sévérité contre les politiciens condamnés par la justice. À présent qu'elle l'est à son tour pour le délit de détournement de fonds publics, elle s'insurge contre la judiciarisation de la vie politique. Elle est pourtant plus silencieuse sur ce type de pratiques, communes chez tous ses soutiens de l'internationale réactionnaire dès qu'ils ont le pouvoir.

publié le 16/04/2025 Par Mikaël Faujour

« L'État de droit a été totalement violé », affabule Marine Le Pen sur TF1 le 31 mars dernier, après sa condamnation par la justice dans l'affaire des assistants parlementaires du FN au Parlement européen. Dimanche 6 avril, dans le cadre de la manifestation organisée à l'appel du Rassemblement national, c'est le président du parti, Jordan Bardella, qui s'indignait à son tour : « Ce n'est plus le gouvernement des juges, c'est la tyrannie des juges ! ».

Bien sûr, il y a quelque chose de comique à cette piteuse menterie et à ce spectacle de l'arroseur arrosé. Après tout, voilà que ceux-là mêmes dont le programme des élections législatives 2024 réclamait que « le laxisme [judiciaire] doit laisser place à la fermeté » – pour les sans-papiers, les fraudeurs aux allocations et les délinquants, en particulier s'ils sont pauvres, mais aussi pour les élus –, soudain se victimisent (1) et crient à l'injustice dès lors qu'ils sont directement concernés.

Indignations comiques

Comique aussi, dès lors qu'on se souvient. En 2004, après la condamnation d'Alain Juppé dans l'affaire des emplois fictifs de la Ville de Paris, Marine Le Pen déclarait que « les Français n'en ont pas marre d'entendre parler des affaires, ils en ont marre qu'il y ait des affaires. Ils en ont marre de voir des élus […] qui détournent de l'argent ». En 2010, alors qu'éclatait l'affaire Woerth-Bettencourt, elle réclamait tout-de-go la démission de Nicolas Sarkozy, encore présumé innocent puisque le procès n'avait pas eu lieu.

« L'arme de l'inéligibilité devra être utilisée avec beaucoup plus de rigueur », proposait-elle en 2012 dans son propre essai, Pour que vive la France. En 2013, elle appelait également à la démission de la députée socialiste Sylvie Andrieux, accusée de détournements de subventions de la région PACA, dont elle était vice-présidente : « Après sa très lourde condamnation pour détournement de fonds publics à des fins clientélistes, l'élue socialiste Sylvie Andrieux doit maintenant avoir la décence minimum de démissionner de son mandat de députée ».

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