Sanctions, défense, nucléaire : dernières nouvelles de Bruxelles

Un sixième train de sanctions économiques a été adopté le 2 juin dernier contre la Russie par les 27. Il comprend notamment l’élimination, à horizon d’un gros semestre, de 90 % des importations de pétrole russe dans l’Union européenne. Ces sanctions, si elles sont réellement appliquées, créeront à l’évidence des difficultés réelles à l’économie russe.

publié le 20/06/2022 Par Éric Juillot
Sanctions, défense, nucléaire : dernières nouvelles de Bruxelles

L’ambition de Bruxelles et des 27 se heurtent d’ores et déjà à certaines réalités : la Russie a montré depuis 2014 qu’elle possède une grande capacité d’adaptation aux sanctions, par le développement interne de certains secteurs excessivement dépendants jusque-là de liens extérieurs, et par la réorientation de ses flux en direction d’autres régions du monde, à commencer par l’Asie.

L’union dans l’autodestruction ?

À ce titre, les sanctions agissent même comme un catalyseur de la désoccidentalisation du monde et représentent donc, pour qui raisonne à une large échelle spatiale et temporelle, une véritable erreur stratégique. Elles ont en outre par elles-mêmes un effet négatif pour les États membres, car elles induisent des ruptures d’approvisionnement en matière première ou en produits semi-finis dans de nombreuses branches industrielles et dans l’agriculture (engrais), tout en renforçant significativement l’inflation actuelle par l’augmentation du prix des hydrocarbures qu’elles entraînent.

Enfin, par ces sanctions, qui leur tiennent lieu de diplomatie commune, les 27 pensent peser significativement sur le conflit en cours en Ukraine. En dégradant les conditions de la population, elles obligeront, croit-on, un président russe impopulaire à revoir à la baisse ses objectifs stratégiques.

Il faut voir dans cet espoir un énième exemple de l’économicisme où s’enferrent les dirigeants européens, persuadés que le politique est si dépendant de l’économique qu’il ne saurait prétendre à une quelconque autonomie. L’histoire des soixante dernières années démontre pourtant à l’évidence le contraire. Aucun des régimes mis au ban économique de la planète par des sanctions économiques américaines ou occidentales ne s’est écroulé sous le poids des révoltes populaires, en dépit des souffrances sans nom qu’elles ont infligées parfois aux gens ordinaires (comme en Irak dans les années 1990).

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