Aide alimentaire : les associations en péril face à l'inaction du gouvernement

Au début du mois de septembre, les Restos du cœur ont lancé un cri d’alarme : avec 35 millions d’euros manquant à l’appel pour finir l’année, l’association craint d’éconduire 150 000 bénéficiaires dès cet hiver – et, à plus long terme, de mettre un terme à ses activités. La réponse ne s’est pas fait attendre, tant du côté du gouvernement que des particuliers : Bernard Arnault a immédiatement promis 10 millions d’euros. Mais à quoi bon ces beaux élans de solidarité, quand les mêmes acteurs laissent se creuser les inégalités, et un nombre croissant de Français s’enfoncer dans la précarité alimentaire ?

publié le 10/10/2023 Par Camille Musikian

Les principales associations d’aide alimentaire ont enregistré une hausse importante du nombre de leurs bénéficiaires cette année. Du côté des Restos du cœur, la croissance atteint ainsi 22 % en un an ; lors de la crise de 2008, cette hausse était de seulement 15 % en un an, et de 23 % sur trois ans. Un rapport de l’Assemblée nationale daté de mars 2023 soulignait en outre que les banques alimentaires, quant à elles, accompagnaient 200 000 personnes supplémentaires depuis un an, dont un tiers depuis moins de six mois. Le Secours populaire et la Croix rouge ont également enregistré des progressions similaires.

Le 17e baromètre de la pauvreté et de la précarité réalisé par Ipsos pour le Secours populaire fait en effet état de « privations de grande ampleur » de la part des Français : 43 % des sondés rapportent des difficultés à consommer des fruits et légumes frais quotidiennement, contre 37 % en 2022 ; 15 % des sondés indiquent sauter l’un des trois repas journaliers régulièrement, et 72 % déclarent ne plus pouvoir acheter de viande, occasionnellement pour la plupart, mais aussi « régulièrement » pour une part non négligeable.

Par ailleurs, les associations interrogées par les auteurs du rapport précité soulignent une évolution du profil des bénéficiaires, plus diversifié que par le passé, avec davantage de personnes en situation d’emploi et une hausse de la demande en zone rurale. Thierry Robert, directeur général du Secours populaire, explique ainsi :

« Nous voyons des populations s’enfoncer dans la pauvreté, des populations qui se privent au quotidien et qui sont parfois en dehors des radars des minima sociaux. Parmi les personnes que nous aidons, 5 % sont propriétaires de leur logement, il y a aussi des étudiants, des personnes âgées, des mères célibataires, des couples de travailleurs. »

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