Création de collectifs, manifestations, lettres ouvertes : déjà avant la crise du Covid, les professionnels de santé donnaient l’alerte sur la situation de l’hôpital public. Aujourd’hui, épuisés par plus de deux ans de pandémie, leurs conditions de travail n’ont pas changé et beaucoup sont ceux qui, dégoûtés, désertent les établissements. Si les ministères successifs débloquent des enveloppes pour sauver l’hôpital, cela ne parait jamais suffisant. Mais pourquoi ?

publié le 29/05/2023 Par Rebecca Stoecker
La crise de l'Hôpital : du conflit financier au conflit de valeurs

Peut-être parce qu’au-delà d’être mieux payés, les soignants veulent surtout pouvoir travailler dans de bonnes conditions. En effet, ils sont aujourd’hui au stade où ils ne peuvent plus compenser les manques d’effectifs et de moyens et où les patients en souffrent. Fruit d’une mauvaise gestion qui perdure, la crise hospitalière continue de s’enliser.

Toujours plus de travail avec toujours moins de matériel, les professionnels de santé continuent de nous soigner comme ils le peuvent. Mais les établissements de santé sont en sous-effectifs et beaucoup de personnels hospitaliers sont au bord du craquage : les arrêts maladie s’accumulent et beaucoup de soignants, à contrecœur, raccrochent leur blouse et quittent l’hôpital.

« Les problèmes se sont installés dans la durée (plus de 15 ans) et aujourd’hui, il faut redonner de l’attractivité à ces métiers du soin, notamment dans les établissements publics. Les professionnels attendaient beaucoup du Ségur de la santé. Nombreux sont ceux qui ont été déçus », explique Marie-Léandre Gomez, professeur à l’École supérieure des sciences économiques et commerciales (ESSEC) où elle coordonne plusieurs programmes de management hospitalier.

La France fait face à une perte de sens dans le travail du soin, qui pousse les soignants vers la sortie. Comme le souligne le Dr Philippe Bizouarn, médecin anesthésiste au CHU de Nantes, et docteur en philosophie :

« La sollicitude envers les patients fait partie du cœur de métier. Cependant, quand on est trop peu nombreux, comme c’est le cas en particulier des paramédicaux, on n’a pas le temps ne serait-ce que de bien les accueillir. Il s’en suit une impression et une culpabilisation de ne pas faire son travail correctement. »

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