
Il y a même fort à parier qu’aujourd’hui, loin de répondre à Hugo sur le fond, beaucoup s'attacheraient uniquement à passer au filtre du Bien la vie privée de l’écrivain et ses déclarations passées pour prouver son égoïsme, ses fautes morales, sa non-adhésion aux valeurs modernes et, partant, sa personnalité « problématique » qu'il deviendrait urgent de condamner au bûcher médiatique tout en exigeant de lui des excuses qui, de toute façon, ne suffiraient pas nécessairement à le réhabiliter aux yeux des purs.
À l'heure où la pornographie ne choque plus personne, si ce n'est quelques lecteurs des Inrocks ou de Télérama convaincus que tel ou tel réalisateur qui provoque par le nu est ultra-subversif, le fait de montrer qu'on est une « belle personne » car on sert de nobles causes, est devenu une des activités favorites des internautes. Le voyeurisme a changé de cible, avec force gros plans sur les membranes de son joli cœur, sur les allers-retours du sang et sur le battement régulier des pulsations.
Publier une photo de soi en train de se faire vacciner « pour le bien d'autrui » - cela va sans dire -, décrire par le menu ce qu'on ressent pour les Ukrainiens tout en condamnant fermement Poutine et en dénonçant ceux qui ne le font pas suffisamment, sont devenus des symboles commodes pour rallier le camp des vertueux.
La vertu n'a jamais été aussi bavarde et centrée sur soi que depuis qu'on exalte la solidarité envers les victimes et la bienveillance. Mais après tout, pourquoi pas puisque l'opinion publique est devenue à la fois la seule entité capable de vous absoudre sous conditions et de vous décerner les bons sacrements.
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