Comme des mantras, « diversité », « pluralisme » des opinions et « liberté d'expression » sont ânonnés infiniment, sans questionnement : ils seraient « le propre de la démocratie ». C'est à ce titre que, de CNews et BFMTV aux réseaux (anti)sociaux, de Cyril Hanouna et Jean-Marc Morandini à l'interminable cohorte de télé-bavards, on en vient à confondre la foire de l'inculture et de l'arbitraire avec la démocratie. Ces termes faussement évidents nous détournent des bonnes questions sur les médias et leur fonction dans une société à visée démocratique.

publié le 05/11/2025 Par Mikaël Faujour
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Lorsque la reconduction des canaux de la TNT a été discutée au sein de l'Arcom, on a pu entendre certains éditocrates, se plaçant sur le terrain de la « raison », déclarer que si, certes, CNews est une chaîne de propagande conservatrice volontiers outrancière, elle représente toutefois une « sensibilité politique » qu'il ne faudrait pas « censurer ». Il y allait du respect de la diversité des opinions, en somme.

Par ailleurs, la décision de reconduction – ou pas – de l'autorisation de diffuser s'appuyait sur l'article 1er de la loi du 30 septembre 1986 relative à la liberté de communication, qui dispose que « la communication au public […] est libre. L'exercice de cette liberté ne peut être limité que dans la mesure requise, d'une part, par le respect […] du caractère pluraliste de l'expression des courants de pensée et d'opinion […] ».

Brandir les termes « diversité » et « pluralisme » revient pourtant à bien mal poser le problème. C'est, du moins, le poser dans des termes libéraux – et il n'est d'ailleurs pas étonnant que ladite loi porte le nom de François Léotard, l'un des importateurs du modèle reagano-thatchérien en France.

L'inexistante menace d'une « censure »

D'abord, prétendre défendre la « diversité des opinions » face à la menace d'une « censure » n'a, dans l'état actuel du rapport de forces politique, social et institutionnel, aucune réalité. La bourgeoisie de la fonction publique et des institutions politiques n'a aucune intention de le faire. Par conditionnement socio-culturel, il est même probable qu'elle se représente les limitations à l'expression d'opinions – sauf celles condamnées par la loi, dont le racisme, l'antisémitisme ou le négationnisme – comme liberticide.

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