Quand il s’agit de la guerre, l’ampleur des forces armées est une question doctrinale. Dans De la guerre paru en 1832, Carl von Clausewitz évoque la nécessité d’assembler une force supérieure avant d’envisager une action contre une position fortifiée. Après plusieurs conflagrations et conflits mondiaux, une équation empirique a été établie. Les probabilités acceptables du succès d’une opération reposent sur un rapport de trois assaillants pour un défenseur, en deçà duquel le risque d’échec est trop élevé. Ce concept varie selon les états-majors, les Américains insistent sur la règle des 3 contre 1, les Russes privilégient la concentration de moyens en un point donné afin de réussir une percée (1). Dit autrement, quel que soit son niveau d’équipement, d’entraînement, de moral, etc., une armée se doit de maintenir des effectifs suffisants, ne serait-ce que pour assurer un effet psychologique vis-à-vis d’un éventuel agresseur. Problème : dans plusieurs pays d’Asie, la dénatalité généralisée réduit les capacités des forces armées, et les stratégies sont dès lors repensées. État des lieux en Corée du Sud, au Japon, en Chine et à Taïwan.

publié le 12/11/2025 Par Jack Thompson
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En proie à une dénatalité accélérée avec 0,75 enfant par femme en 2024 – le renouvellement d’une population donnée nécessite au minimum un ratio de 2,1 enfants –, la Corée du Sud voit sa classe d’âge d’hommes de 20 ans fondre comme neige au soleil. Le réservoir d’hommes s’est amenuisé de 30 % avec seulement 230 000 individus enrôlables selon le KOSIS (le service statistique officiel) entre 2019 et 2025. Dès lors, les forces armées sud-coréennes (ROK Armed Forces) peinent à remplir leurs rangs.

Corée du Sud, une armée réduite à peau de chagrin 

Fortes de 618 000 hommes en 2018, les ROK se sont réduites à 450 000 hommes en juillet 2025. Résultat concret : 17 divisions ont été dissoutes ou fusionnées, avec autant de capacités opérationnelles en moins. Et pourtant, le ministère de la Défense sud-coréen s’était engagé à maintenir les effectifs à 500 000 hommes minimum. Séoul ne s’en cache pas, 50 000 hommes manquent à l’appel. Et ce déficit est appelé à s’aggraver : en 2040, il ne devrait plus y avoir que 140 000 hommes de 20 ans selon les projections démographiques. Les ROK peineraient alors à garder 300 000 hommes sous les drapeaux.

De l’autre côté de la frontière, l’armée populaire de Corée (APC), aux mains de la dynastie des Kim, serait forte d’environ 1,3 million d’hommes. Leur nombre exact demeure un secret d’État, Kim Jong-un ne communique guère sur ses effectifs. Les médias nord-coréens avancent « plus d’un million d’hommes». Pour sûr, Pyongyang ne lésine pas. Un million d’hommes sous les drapeaux pour 26 millions d’habitants, c’est hors norme. À titre de comparaison, la Corée du Sud est deux fois plus peuplée que sa voisine du nord avec 51,6 millions d’habitants.

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