L’économie du numérique est présentée comme l’apothéose de la modernité par les entreprises du secteur. À l’origine des produits « innovants » et de méthodes « disruptives », elles ont cependant des habitudes qui rappellent fâcheusement une période totalement dérégulée du marché du travail, en particulier dans leurs relations avec les syndicats. En conclusion de notre série de trois articles, après Amazon et Tesla, le cas de Google permet de recadrer la perspective sur les évolutions récentes du syndicalisme.

publié le 21/05/2024 Par Thomas Le Bonniec

Vous avez manqué le précédent article de cette série ? Cliquez ici pour découvrir notre article sur Tesla !

Google a pendant longtemps été une entreprise où l’on ne se syndiquait pas, où les rapports de force entre travailleurs et direction étaient inexistants. Les ingénieurs recevant de très bons salaires et nombre d’activités étant sous-traitées, Google se voyait comme une entreprise de « cols blancs », pour qui les questions relatives aux conditions de travail ne se posaient pas. Le mouvement syndical naissant est donc fortement associé à un autre type de mobilisation, celui des travailleurs de plus en plus critiques des accords passés entre leurs entreprises et les secteurs militaires et de police dans plusieurs pays.

De l’activisme à la dissidence

L’historique de l’Alphabet Workers Union (AWU) le rappelle assez clairement : avant sa création en 2021, les syndicats n’existent ni dans sa maison-mère ni dans ses nombreuses filiales. Le groupe, comme le rappelle Le Monde, est composé de « Google, YouTube et Waymo (voitures autonomes), Verily, Fitbit et Wing, et emploie plus de 130 000 personnes à travers le monde ». L’annonce du lancement de l’AWU en janvier 2021 est si surprenante qu’elle suscite l’intérêt de la presse internationale. Ainsi de Radio France, qui rappelle :

« Aux États-Unis, pas de syndicat chez Apple – exceptée une maigre tentative d'un employé des Apple Store au début des années 2010 – ni Microsoft. Ce mouvement syndical chez Google accompagne celui d'une autre entreprise, Amazon, où des salariés tentent de plus en plus d'attirer l'attention sur leurs conditions de travail, notamment dans les entrepôts destinés aux livraisons. »

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