Nous sommes très près d’un équarrissement complet de nos structures d’enseignement et de recherche au profit des géants du numérique. Il faut rembobiner le fil conducteur des vingt dernières années pour se faire une idée de ce que risquent de devenir l’Éducation et la Recherche. En tirant profit des révolutions du numérique, les GAFAM se sont engouffrés dans les brèches des partenariats publics-privés et de la doctrine de la privatisation de l’enseignement.
Au fil des années, l’Éducation nationale a tissé des liens privilégiés avec Microsoft. En novembre 2015, la ministre Najat Vallaud-Belkacem signait un accord avec la multinationale. « 13 millions d’euros seront ainsi investis par Microsoft pour le développement du numérique éducatif : l’accompagnement des enseignants et des cadres de l’Éducation, la mise à disposition de plateformes collaboratives, ainsi que l’apprentissage du code informatique ». Cette somme est dérisoire, à la fois au regard du budget du ministère concerné (20 milliards pour le premier degré en 2016) et du chiffre d’affaires de Microsoft (93 milliards en 2015).
Ce « Plan numérique de l’Éducation nationale » n’est qu’un parmi d’autres. Depuis 2003, on peut retrouver la trace d’accords successifs passés entre le ministère de l’Éducation nationale et Microsoft. Résultat : une vision du numérique souscrivant à celle de Windows, c’est-à-dire non-neutre, privative et avec un logiciel fermé empêchant l’interopérabilité. La réponse des acteurs du logiciel libre, cosignée par plusieurs syndicats de l’Éducation, dénonçait ce mélange des genres :
« Ce partenariat est d’autant plus regrettable qu’il va à l’encontre des objectifs de l’École, et témoigne d’une absence de volonté politique de promouvoir la diffusion et l’appropriation par tous de la connaissance et des savoirs. Une volonté politique affirmée aurait pourtant pu mettre en avant des solutions en logiciel libre, respectueuses des libertés de chacun, des standards ouverts et de l’interopérabilité qui permettent aux élèves de progresser en informatique sans enfermement technologique. [...] L’École va devenir une fabrique d’inégalité, l’argent servant par la suite de discriminant dans le choix des logiciels et des services. »
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