C’est avec des yeux de Chimène que la gauche européenne regarde la croissance espagnole ainsi que le Premier ministre socialiste Pedro Sánchez, à qui elle en accorde le crédit. La presse internationale aussi ne tarit pas d’éloges. Les indicateurs économiques sont au beau fixe : création d’emplois, baisse du chômage, inflation contenue, déficit public à 3 %, prévisions de croissance pour les deux années à venir à 2 % (deux fois plus que la France), le tout avec un Premier ministre qui a su mener une politique sociale qui a réduit les inégalités. Sa mesure phare a permis un doublement du SMIC depuis 2018 sans le naufrage prédit par les conservateurs. Cependant, occulter le contexte mène à des conclusions trop optimistes. D’une part, ces indicateurs économiques se sont tout juste hissés sur les niveaux pré-Covid. D’autre part, l’Espagne part d’une situation bien plus difficile que ses voisins, avec un produit intérieur brut (PIB) par habitant qui, en 2023, restait inférieur à celui de 2008. Ajoutons que l’augmentation du salaire minimum est l’arbre qui cache la forêt de la situation salariale du reste de la population, dont le revenu réel est toujours 4 % inférieur à son niveau de 2008. Quant au taux de chômage, malgré sa baisse, il demeure parmi les plus hauts de l’Union européenne. Sans compter que cette croissance relativement forte repose en grande partie sur un tourisme de masse peu soutenable qui cause une grave crise du logement.

publié le 22/09/2025 Par Alexandra Buste, Xavier Lalbin
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Ce sont des lendemains qui chantent pour les Espagnols, surtout après la cure d’austérité des années 2010 menée par des partis de droite sous l'égide de Bruxelles. Après les douloureuses flexibilisations du marché du travail et la réduction des montants des retraites, la gauche, emmenée par le parti socialiste de Pedro Sánchez, a repris les manettes en 2018. Le locataire de la Moncloa a redonné une bouffée d’oxygène à la population grâce à une politique ouvertement sociale qui affiche des indicateurs économiques en grande forme.

Une croissance à 3 % accompagnée de politiques sociales ambitieuses

À commencer par l’emploi, le secteur est au beau fixe avec la création en 2023 de 780 000 nouveaux emplois. Un chiffre qui correspond à un peu moins de la moitié des nouveaux emplois enregistrés dans la zone euro. Le taux de chômage affiche lui une baisse conséquente, passant de 16 % en 2020 à 11 % fin 2024.

La bourse de Madrid a elle aussi sorti les cotillons : son indice phare l’IBEX a connu sa plus forte progression depuis 2017 et est revenu sur des niveaux jamais atteints depuis 2008. Notons qu’il n’a toutefois pas retrouvé ses plus hauts pré-crise de 2008.

Evolution de l'indice boursier espagnol, 1992-2025Evolution de l'indice boursier espagnol, 1992-2025

Le secteur de la construction a connu une reprise de 4,2 % en 2024. Celui du tourisme, qui tire la création de richesses et d'emplois (13 % du PIB), continue de croître avec un nombre record de 94 millions de touristes étrangers en 2024 qui ont dépensé 126 Md€. Et ce n’est pas tout.

L’inflation diminue plus rapidement que dans les autres pays de la zone euro. Le gouvernement avait sorti le carnet de chèques pour aider les ménages avec la suppression de la TVA sur les produits de première nécessité, des subventions aux carburants, le plafonnement du prix de l’électricité ou encore la diminution des taxes sur le gaz (en 2022 et 2023).

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