Depuis le 1er janvier 2025, la réforme du RSA a instauré une obligation de 15 à 20 heures d’activité hebdomadaire pour les allocataires du Revenu de Solidarité Active. Si son ancêtre, le RMI, était « un moyen de vivre ou plutôt de survivre, garanti à ceux qui n’ont rien », la réforme en cours change la philosophie de ce dispositif. Il s'agit désormais de demander des comptes aux allocataires du RSA, dont les trois quarts vivent sous le seuil de pauvreté – une population composée majoritairement de personnes peu diplômées, de chômeurs de longue durée, de parents isolés, avec une mobilité limitée, en habitat précaire, en moins bonne santé que la moyenne et qui renoncent plus souvent aux soins que le reste des Français. Analyse d'une réforme cruelle dont l'échec a déjà été démontré.

publié le 10/03/2025 Par Alexandra Buste, Xavier Lalbin

Il l'avait annoncé lors de sa campagne de 2022. Sous prétexte d’« un meilleur accompagnement et [d’]un meilleur équilibre des droits et devoirs », le candidat Macron projetait une réforme du RSA qui obligerait à « consacrer 15 à 20 heures par semaine pour une activité permettant d’aller vers l’insertion professionnelle ». Depuis le 1er janvier 2025, cette réforme est entrée en vigueur. Il s'agit désormais de demander des comptes aux allocataires du RSA, dont les trois quarts vivent sous le seuil de pauvreté. Sous prétexte d'aider les allocataires à se « réinsérer professionnellement », cette réforme cruelle leur demande de justifier des activités, particulièrement chronophages, liées à la survie dans la pauvreté (faire la queue dans les files d’aide alimentaire, parcourir plusieurs kilomètres à la recherche des petits prix, des dons de vêtements, etc.)…

Par ailleurs, ces réformes ont été déjà été testées chez nos voisins anglais, avec un effet nul sur le retour à l'emploi. Elles conduisent en revanche à une nette hausse des radiations. Voilà qui réjouira le directeur de France Travail, organisme censé assurer une bonne partie de « l'insertion professionnelle » des allocataires du RSA, et qui s’est déjà fixé des objectifs ambitieux de contrôle des chômeurs : « En 2023, les 520 000 contrôles réalisés ont abouti à 90 000 radiations. À l’avenir, les équipes dédiées au contrôle devront en assurer 600 000 en 2025 et 1,5 million en 2027 ».

Pour le Secours Catholique, « la lutte contre la pauvreté n’est plus la boussole des politiques relatives aux aides pour les personnes sans emploi ». Il semble en effet que l’objectif de cette réforme soit bien plus de radier que d'accompagner...

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