En France, la masse monétaire n'a cessé de croître sur les quarante dernières années. Son niveau a même explosé suite aux mesures prises par la BCE lors de la crise sanitaire, pour soutenir l’activité économique, mais aussi pour venir au secours de l’épargne des plus riches. Tout ceci n’a pas été sans conséquences pour notre économie, qu'il s'agisse de la crise inflationniste ou de celle du surendettement public. Les choses commencent à retrouver un cours plus habituel, mais le retour à la normale est lent, et il est à craindre que la crise économique en gestation finisse par dégrader à nouveau la situation. On vous explique tout !

publié le 12/09/2024 Par Olivier Berruyer

1- Depuis 40 ans, une explosion de la masse monétaire
2- Les causes : bulle immobilière et planche à billets
3- Une création monétaire au profit d'une infime minorité
4- 17 % de croissance de la masse monétaire en 2020
5- Un énorme surplus de monnaie depuis 15 ans
Ce qu'il faut retenir
Annexe : Quel lien entre monnaie et inflation ?


Cette analyse graphique originale d'Olivier Berruyer pour Élucid est une mise à jour de notre suivi régulier et actualisé des grands indicateurs économiques.

La masse monétaire d’un pays désigne la quantité de monnaie qui y est en circulation. Si la notion de « monnaie » ne posait guère de problème jusqu’au début du XXe siècle – il s’agissait donc des pièces de monnaie et des billets –, la situation s’est largement compliquée par la suite. Il y a d’abord eu le développement de la bancarisation (la monnaie se trouve désormais principalement dans des comptes en banque), puis de la multiplication des supports d’épargne (livrets, obligations, etc.).

Au fil du temps, les banques centrales ont défini des instruments de mesure de la monnaie, appelés « agrégats monétaires ». Ces différentes « masses monétaires » dépendent en effet de la définition retenue de la monnaie. Il y en a trois principales, qui s’emboitent comme des poupées russes :

    • M1 est un agrégat étroit, le plus liquide et le plus facilement mobilisable, qu’on peut qualifier de « monnaie » classique. Il regroupe les pièces et les billets en circulation dans le secteur non bancaire ainsi que les dépôts à vue des clients sur leurs comptes bancaires ;
    • M2 est un agrégat intermédiaire ; il est devenu significatif dans les années 1960. Il regroupe M1 ainsi que l’épargne à court terme, soit les comptes sur livrets et les dépôts à court terme (Livrets A, Livret de développement durable, Compte épargne logement) ;
    • M3 est l’agrégat le plus large, et donc le moins liquide ; il est devenu significatif dans les années 1980. C’est lui que la BCE considère comme la meilleure mesure de la « masse monétaire ». Il regroupe M2 ainsi que divers placements monétaires, généralement des placements à moyen et long terme (OPCVM, SICAV monétaires).
Les principaux agrégats monétairesLes principaux agrégats monétaires

Depuis 40 ans, une explosion de la masse monétaire française

Depuis 40 ans, la masse monétaire française (M3) a augmenté de façon spectaculaire, passant de 1 000 à 3 500 Md€ en monnaie constante. L’argent très liquide (M1, essentiellement le contenu des comptes bancaires) représente environ la moitié de la monnaie totale.

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