Souvent, le traitement politique et médiatique de la délinquance et de la criminalité s’opère via le prisme de la punition : durcir la justice des mineurs avec des comparutions immédiates, remettre en question l'excuse de minorité, mettre en place des peines courtes de prison dès le premier délit grave, créer des places de prison, renforcer la formation d’unités spécialisées pour traquer les délinquants en cavale, etc ; un aspect, si important soit-il, qui occulte les causes profondes de certaines violences : les graves inégalités économiques.

publié le 09/04/2025 Par Alexandra Buste, Xavier Lalbin

Des universitaires ont mis en évidence le lien entre inégalités et criminalité : quand la première augmente, la seconde aussi. Cinq à trente fois plus d’homicides sont commis par an dans les pays les moins égalitaires par rapport aux plus égalitaires. Des expériences en milieu contrôlé ont montré l’effet déstabilisateur de la hausse des inégalités au sein d’un groupe. Les individus les plus défavorisés du groupe initient une déstabilisation et attaquent le statu quo afin de rétablir un peu l’équilibre : « Lorsque les privations ou les inégalités sont importantes, les individus désespérés sont plus nombreux, d'où un risque d'exploitation plus élevé. Il devient alors avantageux de recourir à la violence, afin d'envoyer un “signal de fermeté” aux exploiteurs ».

Quant au discours vantant la méritocratie, il participe à l’acceptation des inégalités, un sujet par ailleurs de moins en moins traité dans les médias. Ainsi, malgré l'explosion des inégalités, notamment aux États-Unis, la population tend à sous-estimer leur ampleur. Mal informée, elle ajuste ses idéaux et devient plus tolérante à l'égard des inégalités en leur trouvant une justification. Pire, le grand public blâme de plus en plus les pauvres pour leur malheur tout en louant les succès des plus riches « méritants ».

Et cette situation ne semble pas près de changer si l'on en croit la peine à réduire les inégalités partout dans le monde. D’un côté, dans les pays développés, les conséquences du néolibéralisme et de la financiarisation des économies ont conduit à une augmentation des inégalités. De l’autre côté, la pauvreté et l’extrême pauvreté dans le monde sont loin d’être éradiquées.

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