L'ancien président de la Cour de comptes revient sur les dérives de la libéralisation, le pantouflage et les « folies » de la construction européenne. Entretien inédit réalisé par Olivier Berruyer en juin 2012.
André Chandernagor (1921 —), est un homme politique, ancien membre du comité directeur de la SFIO puis du PS. D’abord député de la Creuse de 1958 à 1981, il occupe ensuite les fonctions de ministre des Affaires européennes (1981-1983) puis de Premier président de la Cour des comptes (1983-1990).
Olivier Berruyer (Élucid) : M. Chandernagor, quel regard portez-vous sur la crise économique actuelle ?
André Chandernagor : Je crois que deux causes fondamentales se sont conjuguées. La première est la mondialisation, le fait qu’il n’y ait plus vraiment de frontières. L’ère du « monde uni » commence, mais l’Humanité ne le sait pas encore — et je ne sais pas combien de temps il lui faudra pour le comprendre. Je paraphrase ainsi Valéry Giscard d’Estaing qui constatait dans ma jeunesse, alors que l’on venait d’achever la conquête de la Terre, que « L’ère du monde fini commence ». Or, les gens ne savent pas que le monde actuel, tel qu’il est devenu, ne pourra fonctionner que s’il est uni.
La seconde cause est la dérive incroyable du capitalisme, passé d’un capitalisme d’entreprise créateur, à un capitalisme de Monopoly, de spéculation à tout va, de casino. Ce capitalisme, totalement débridé, est contraire aux règles morales sur lesquelles était fondé peu ou prou ce que nous appelions notre « civilisation occidentale ». Parmi ces règles oubliées figuraient l’usura vorax (usure vorace) telle que dénoncée par Saint Thomas d’Aquin, et l’observation nécessaire de la caritas (charité) fondée sur le respect de la personne humaine.
Lisez la suite et soutenez un média indépendant sans publicité
S’abonnerAccès illimité au site à partir de 1€
Déjà abonné ? Connectez-vous
0 commentaire
Devenez abonné !
Vous souhaitez pouvoir commenter nos articles et échanger avec notre communauté de lecteurs ? Abonnez-vous pour accéder à cette fonctionnalité.
S'abonner