L’expression « démocratie illibérale » est passée dans l'usage dans les médias et le monde politique. Mais, au juste, qu'est-ce qui se cache dessous ?
Au mitan des années 2010, une nouvelle expression intègre la langue corrompue du vedettariat médiatico-politique : « démocratie illibérale ». Le « libéral » Emmanuel Macron (1) l'emploie ainsi à plusieurs reprises pour désigner les régimes autoritaires d'Europe centrale et de l'est.
Depuis lors, à la suite de son histrion de chef, la valetaille de la République en marché et des éditocrates en répète l'écho. Encore récemment, Valérie Hayer, tête de liste Renaissance aux élections européennes, se fendait d'un tweet, récitant : « Viktor Orban fait de ce pays magnifique un régime illibéral à sa solde. La Hongrie n’est plus une démocratie fonctionnelle ».
Ne discutons pas du « concept », mais considérons-en l'usage. Dans un précédent article, nous écrivions qu'un mot peut en cacher un autre. Quand surgit une nouvelle expression, il convient d'adopter le réflexe de se questionner : de quoi est-ce le cache-sexe ?
Depuis qu'il a essaimé dans la sphère endogamique des médias de masse et de l'arrivisme parlementaire, l'épithète « illibéral » sert à désigner un ennemi, un « camp du mal » à peine plus subtil que « l'Axe du mal » de George W. Bush, « conceptualisé » au début des années 2000. Il sous-entend que la démocratie, la « vraie », serait libérale : celle qui articule économie de marché, régie par la concurrence, et État de droit, garant des libertés fondamentales (expression, publication, réunion, circulation, manifestation).
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