Non, « l'éco-terrorisme » n'existe pas en France

C’est une sorte de nouveau poncif tiré de la lecture anxieuse d’Orwell : celui qui manipule le langage manipule l’esprit humain. Voilà qui revient à dire que celui qui invente des mots implante sa réalité dans le cerveau des hommes.

publié le 15/05/2023 Par Marion Messina
Non, « l'éco-terrorisme » n'existe pas en France

Le 25 mars dernier, la manifestation contre le projet des mégabassines à Sainte-Soline a donné le prétexte idéal pour l’usage abusif d’un néologisme : celui d’éco-terroriste. À froid, le mot distille l’idée que les manifestants menacent autant le quidam que les djihadistes. Il est vrai que l’accélération des effets visibles de la crise climatique a précipité une très petite minorité de militants écologistes à s’engager dans l’action directe, c’est-à-dire l’action pilotée par soi-même, en dehors des cadres légaux et « démocratiques ».

Récemment, ces actions directes consistaient à crever les pneus des SUV dans les centres-villes, saboter des golfs dans la région de Toulouse ou jeter de la peinture sur des œuvres d’art. Si Gérald Darmanin a propulsé le terme sur le devant de la scène, éco-terroriste est apparu dans les années 1980 aux États-Unis pour désigner des groupes prêts à utiliser les moyens du terrorisme dans le but de défendre la nature ou les animaux.

Le FBI voit alors d’un très mauvais œil les agissements de deux groupes anglais, l’Animal Liberation Front (ALF) et l’Earth Liberation Front (ELF), impliqués dans des actions directes menées en Amérique, en Europe et en Israël. Mais en France, le choix de la violence pour la condition animale ou la préservation des terres arables n’a pas pris. Ce n’est pas du gauchisme, de la culture de l’excuse ou de la complaisance pour les nouveaux fascistes mais un fait.

Par ailleurs, le Code pénal ne définit pas « l'écoterrorisme » en particulier, mais le terrorisme de manière générale, comme des infractions « en relation avec une entreprise individuelle ou collective ayant pour but de troubler gravement l'ordre public par l'intimidation ou la terreur ».

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