Pendant trois mois, Youmna El Sayed, correspondante pour la chaîne Al Jazeera, a documenté les horreurs de l'armée israélienne à Gaza tout en évitant les bombes et les missiles de Tsahal. Son quartier a ensuite été rasé et ses amis et collègues tués. Au bout de trois mois, elle a dû quitter la bande de Gaza pour mettre ses enfants à l'abri et s'exiler au Caire. Dans cet entretien exclusif pour Élucid réalisé lors de la remise du prix du Festival de Journalisme « Imbavagliati » à Naples, la reportrice de guerre palestinienne nous livre un témoignage glaçant sur les crimes de guerre commis par Israël à Gaza.
Marco Cesario (Élucid) : Nous sommes en 2024, à l’époque des réseaux sociaux et de l’intelligence artificielle, mais les massacres à Gaza sont probablement les plus censurés que nous ayons jamais connus...
Youmna El Sayed : C'est tout à fait vrai. Et c'est pour cela que je critique vivement les journalistes internationaux et les médias internationaux : parce qu'ils se sont laissé censurer par le gouvernement israélien, par l'armée israélienne. Ils ont abandonné leurs principes et leurs devoirs de journalistes internationaux, notamment le fait de devoir couvrir tous les événements importants. Et il n'y a rien de plus important que le génocide qui se poursuit depuis désormais huit mois, dans lequel des milliers, des dizaines de milliers d'êtres humains ont été déplacés, blessés et tués tués, tandis que le monde entier se contente d'observer et de se plier à cette censure et à cette impossibilité de faire son travail en couvrant ce génocide.
La stratégie d'Israël est double : d’un côté, l'État hébreu empêche tous les journalistes internationaux d'entrer dans la bande de Gaza, de l’autre il tue tous les journalistes palestiniens à l'intérieur de la bande de Gaza. Or, aucune pression n'a été exercée sur le gouvernement israélien pour qu'il autorise les journalistes internationaux à entrer dans la bande de Gaza et à couvrir ces événements. Malgré tout, Israël n'a pas réussi à empêcher totalement les journalistes palestiniens de faire leur travail et de rendre compte de la situation. Cela s'explique notamment par le fait que nous sommes non seulement animés par les devoirs de notre profession, mais aussi par loyauté et une honnêteté envers notre peuple et notre pays.
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