Le Soudan est en proie à une guerre civile meurtrière depuis maintenant deux ans. Les combats entraînent ou aggravent des conséquences tout aussi terribles : épidémie de choléra, famine, inondations, déplacement de populations ; à tel point qu’une issue aux affrontements armés ne suffirait pas à sortir le pays de la crise.

publié le 04/01/2025 Par Jordi Lafon

Difficile d’estimer le nombre de victimes dans la guerre civile sanglante du Soudan, tant les affrontements sont intenses. Certains rapports montent les estimations jusqu’à 150 000 morts directs du conflit, une récente étude de la London School of Hygiene and Tropical Medicine's annonce plus de 61 000 personnes mortes uniquement dans l'État de Khartoum (la capitale).

« Le Soudan est un pays où les militaires finissent toujours par l’emporter sur les civils, donc c’est le règne de la force, résultat : l’État est fondamentalement fragile, depuis son indépendance », explique François Gaulme, chercheur associé à l’IFRI au centre Afrique subsaharienne.

La guerre civile que connaît en ce moment le pays, qui a débuté en avril 2023, est d’ailleurs la quatrième, les trois précédentes s’étant étalées dans le temps depuis la date de l’indépendance en 1956. La dernière d’entre elles, qui s’est achevée en 2005, a donné lieu à la partition du pays et à la création de l’État du Soudan du Sud, mais n’a en rien réglé la question des affrontements militaires en son sein.

Une guerre de chefs alimentée par les puissances étrangères

Ce qui caractérise cet épisode « c’est qu’il s’agit d’une guerre très personnalisée et qui est l’objet d’influences étrangères et d’alliances parfois contre nature et donc, instables » affirme François Gaulme. Cette fois-ci, ce sont deux pouvoirs militaires qui s’affrontent : l’armée régulière emmenée par Abdel Fattah al-Burhan, et les Forces de Soutien Rapide (FSR) emmenées par Mohamed Hamdan Dogolo, alias Hemeti. Tous deux occupaient des postes de généraux au sein de l’armée soudanaise du temps du dictateur Omar El-Béchir, qui a régné sur le Soudan de 1989 à 2019. Tous deux portent une responsabilité dans le génocide au Darfour.

Lisez la suite et soutenez un média indépendant sans publicité

S’abonner
Accès illimité au site à partir de 1€
Des analyses graphiques pour prendre du recul sur les grands sujets de l’actualité
Des chroniques et des interviews de personnalités publiques trop peu entendues
Des synthèses d’ouvrages dans notre bibliothèque d’autodéfense intellectuelle
Et bien plus encore....

Déjà abonné ? Connectez-vous