La Réserve fédérale américaine va-t-elle enfin défendre l'intérêt général et l'économie productive ou bien les intérêts des 1 % les plus riches et de la finance casino ? Depuis vingt ans, la banque centrale des États-Unis a endossé un nouveau rôle dans l’économie américaine : celui de prêteuse en dernier ressort afin de différer les conséquences des politiques néolibérales irresponsables. Malgré tout, il semble qu'il n'y ait plus aucun moyen de les empêcher à l'avenir. En attendant, les « politiques non-conventionnelles » ont de graves effets sur les bulles financières, les prix stratosphériques de l’immobilier, l’inflation, l’activité économique et donc le pouvoir d’achat.

publié le 08/02/2024 Par Olivier Berruyer

1- Une explosion du bilan de la Fed depuis 2008
2- La Fed, palliatif du marché interbancaire moribond
3- La Fed bien plus sérieuse que la BCE
4- Sauver le système financier et l’État
5- Le changement de rôle de la Fed
Ce qu'il faut retenir


Créée en 1913, la Réserve fédérale américaine – souvent appelée « Fed »est une banque centrale qui assure le rôle fondamental de contrôle du dollar, monnaie centrale des échanges internationaux. Contrairement à la BCE, dont le mandat consiste uniquement à maîtriser l’inflation, la Fed dispose d'un double mandat : la recherche du plein emploi et de la stabilité des prix (auxquels s’ajoute en théorie, mais marginalement, la recherche de taux d'intérêt à long terme modérés).

Une explosion du bilan de la Fed depuis 2008

Le bilan de la Fed est resté relativement stable en dollars réels (c’est-à-dire corrigés de l’inflation) entre 1945 et 1985, oscillant entre 600 et 800 Md$, avant de lentement progresser jusqu’à 1 500 Md$ en 2008. La crise financière a alors fait exploser ce bilan, qui a quadruplé en 6 ans, avant que la crise Covid l’augmente encore de 50 %, pour atteindre près de 10 000 Md$ en 2021 et 8 500 Md$ fin 2023. La Fed a alors décidé de baisser la taille de son bilan pour tenter de revenir au niveau d’avant la crise Covid.

En ramenant la taille du bilan au PIB, on remarque tout de suite que la crise de 2008 a été d'une ampleur historique. En l'espace de seulement trois ans, elle a propulsé le bilan de la Fed au niveau de celui qui avait résulté de la crise de 1929 puis de la Seconde Guerre mondiale. Et la crise du Covid a encore presque doublé ce niveau.

Cette explosion du bilan de la Fed s'explique par la mise en œuvre d'une politique monétaire exceptionnelle lors de la crise des subprimes. Appelée « politique non-conventionnelle », elle s'est traduite par un affranchissement de toutes les règles habituelles de bonne gestion financière, façon « après moi, le déluge ».

Concrètement, la Fed a fourni des liquidités aux banques américaines en leur rachetant massivement des titres financiers adossés à des créances hypothécaires (sur l'immobilier), dont la valeur chutait en raison de la panique des marchés. Elle a aussi commencé à acheter massivement des bons du Trésor américain pour éviter une explosion des taux d'intérêt ; c'est le fameux « quantitative easing » (assouplissement quantitatif ou QE).

L'arrêt de cette politique monétaire en 2014, suivi de la remontée progressive des taux directeurs de la Fed, ont provoqué une dégonflement de son bilan jusqu'en 2020. Puis la crise Covid a entraîné un nouveau lot massif de « politiques non-conventionnelles » qui ont été brutalement interrompues en 2022 avec le retour d'une inflation, elle aussi « non-conventionnelle ».

Un rachat massif de titres risqués

Lorsque l'on regarde dans le détail l'évolution de la composition de l'actif de ce bilan, on ne peut qu'être frappé par l'explosion du nombre d'obligations publiques amassées par la banque centrale américaine, pour près de 5 000 Mds$. Ce nombre est monté si haut qu'il a représenté jusqu'à 7 fois le montant d'obligations publiques détenu par la Fed en 2007. Cependant, la hausse des taux survenue en 2022 a mécaniquement diminué la valeur comptable de ces titres publics, entraînant plus de 110 Md$ de pertes en 2023, la perte la plus importante de toute l'histoire de la banque, qui n’avait d’ailleurs plus connu de pertes depuis 1915. Un autre résultat financier « non-conventionnel » du néolibéralisme...

Ces achats massifs de la Fed ont permis au gouvernement américain de se financer dans de bonnes conditions durant les années de crise. Mais cela n’en rend pas moins la dette publique américaine de plus en plus insoutenable, comme nous l’avons analysé dans cet article.

Après les obligations publiques, l'actif de la Fed est surtout constitué des fameux titres MBS (Mortgage Backed Securities), dont la plupart sont adossés à des « crédits subprimes » à l’origine de la crise financière de 2008.

Bien évidemment, ces titres de dette subprime restent des titres risqués, surtout dans un contexte de hausse de l’inflation et des taux d'intérêt. En temps normal, ils n’ont d’ailleurs rien à faire dans le bilan d’une banque centrale.

La Fed, palliatif du marché interbancaire moribond

Au passif de la Fed, on constate d’abord une marginalisation des billets de banque en circulation, qui occupaient il y a 20 ans près de 95 % du bilan, contre moins de 30 % aujourd’hui.

Ce sont les dépôts des banques qui occupent actuellement le plus gros poste. Il s'agit de l'argent que les banques commerciales privées détiennent dans leur propre « compte en banque » géré par la banque centrale. Et comme la Fed a créé de la monnaie pour racheter massivement leurs titres financiers, une partie de cet argent non-dépensé est resté à la banque centrale. Ces sommes atteignent le montant faramineux de 3 500 Md$, soit plus que le PIB de la France.

Avant 2008, les banques se prêtaient facilement de l’argent entre elles sur le marché interbancaire. Mais depuis la crise des subprimes, ce marché interbancaire fonctionne très mal car les banques, qui connaissent très bien leur situation financière extrêmement fragile, évitent de se prêter de grosses sommes d’argent entre elles. En effet, leurs fonds propres (c’est-à-dire leur patrimoine propre, leur richesse) étant très faibles par nature, la faillite d’une banque à qui elles auraient prêté de grosses sommes d’argent entraînerait à coup sûr la leur. Elles sont bien placées pour savoir ce que valent les promesses chimériques de « solidité absolue du système bancaire » que vante la propagande ministérielle et bancaire.

Dès lors, les banques qui ont besoin de liquidité les empruntent à la Fed où elles déposent en échange certains de leurs titres en garantie de ces prêts, ce qu’on appelle des mises en pension (pour les banques déposantes), et des prises en pension (pour la banque centrale acceptante) qui constituent le dernier gros poste au passif de la Fed. Ces prises en pension mesurent assez bien le besoin en liquidité des banques non pourvu sur le marché interbancaire. Il a été multiplié par 7 au moment de la crise Covid et il reste 4 fois supérieur à son niveau de 2019.  La crise bancaire est donc bien loin d’être terminée et le retour à des tailles « normales » de bilan ne semble pas pour demain.

Le taux directeur, soutien de l’activité économique

Un des principaux instruments des banques centrales réside dans la fixation de leur taux directeur, qui détermine directement le niveau des taux d’intérêt à court terme et influe sur les taux de long terme déterminés par les marchés financiers (voir notre article sur les taux d'intérêt).

Le taux directeur de la Fed a fortement varié depuis les années 1950, avec une phase globalement croissante jusqu’au pic de 19 % en 1981, et une phase globalement décroissante jusqu’à la hausse des taux de 2022-2023.

Ces importants mouvements ont été liés au niveau d’inflation qui a suivi la même tendance. Et c’est bien normal, car en réalité, le taux directeur suit en général l’inflation. Quand l’inflation augmente, la Fed augmente ses taux pour rendre le crédit plus cher, donc le diminuer, ce qui diminue l’activité économique et les tendances inflationnistes. Et réciproquement, elle diminue ses taux directeurs quand elle est sûre que l’inflation a bien diminué.

Cependant, en dehors des problématiques d’inflation, les banques centrales jouent également de leur taux directeur en cas de crise économique, en les diminuant pour soutenir l’activité. Les banques centrales vont donc fortement agir sur leur taux directeur :

  • en les augmentant en cas de forte inflation (comme en 1980 ou 2022) ou, mais c’est un cas plus rare (du moins en Europe), quand la croissance est trop forte afin d’éviter une hausse de l’inflation (comme à la fin des années 1990 aux États-Unis) ;
  • en les diminuant fortement en cas de crise économique (avec une décroissance comme en 2001, 2008 ou 2020) ou d’inflation nulle ou négative (on parle alors de déflation, comme en 2017 en Europe).

La Fed, une banque centrale bien plus sérieuse que la BCE

On comprend dès lors pourquoi la Fed a fortement augmenté ses taux directeurs en 2022, quand l’inflation a ressurgi. Mais comme cette dernière était en grande partie importée (explosion des coûts de l’énergie et problème d’approvisionnement après le Covid), la Fed n’a pas eu besoin de monter ses taux jusqu'à leur haut niveau du début des années 1980. Les inflations ayant été synchrones en Europe, les mouvements des taux directeurs ont été proches des deux côtés de l’Atlantique depuis 25 ans.

Cependant, la Fed présente une gestion bien plus sérieuse que la BCE : elle augmente plus fortement ses taux en cas de problème et les réduit plus vite une fois le problème résolu. Seule la BCE a pratiqué des taux nuls, et ce pendant 7 ans ! Voilà d’où vient la crise de l’immobilier et l’impossibilité pour beaucoup d’acheter un logement agréable (voir notre analyse de l'immobilier). La Fed, quant à elle, avait remonté ses taux dès 2016 pour les remettre à des niveaux « normaux ».

La presse économique : « Mais quand va-t-on enfin baisser la rentabilité des investissements ? »

Si on a vu comment une banque centrale devait agir promptement en cas de problème, la question majeure est « Quel est alors le niveau normal du taux directeur quand il n’y a plus de problème ? ». C’est d’ailleurs la question qui taraude les marchés financiers depuis des mois, depuis le premier jour où ils ont compris qu’ils avaient atteint leur pic : mais quand les taux vont-ils baisser ?

Source : 1, 2, 3, 4, 5

Ces attentes des marchés financiers – et plus largement de la presse économique – sont très surprenantes. En effet, les taux directeurs aux États-Unis et en Europe ne sont qu’à 5,5 % et 4,5 %, ce qui est certes élevé par rapport à la dernière décennie, mais bien loin du taux à 19 % de 1981 qui euthanasiait l’économie. C’était même le niveau « normal » des taux dans les années 1990. Par ailleurs, le taux d’intérêt reste une des bases du capitalisme puisqu’il détermine la rentabilité des investissements, c’est-à-dire une des voies royales d’enrichissement supplémentaire des plus riches (pensez par exemple aux assurances-vie à 6 % par an dans les années 1990, comme nous l’avons vu dans cet article).

Peu de personnes semblent s’étonner de cet empressement des marchés financiers à obtenir une forte baisse des taux. Cela montre pourtant bien à quel point notre système économique a rompu avec les pratiques habituelles du « capitalisme productif », pour sombrer dans une sorte de « financiarisme spéculatif », dans lequel les marchés financiers s’engraissent à coup de taux anormalement bas – un système qui crée des bulles spéculatives sur de nombreux actifs (prix des actions, de l’immobilier…), mais qui rongent l’épargne populaire en retour, comme le livret A par exemple.

Ces mêmes marchés financiers bénéficient également de larges subventions financées par l’accroissement de la dette publique. Sans parler des manipulations diverses de marché réalisées par des mégabanques sous-capitalisées suite à la « capture du régulateur », où les hauts fonctionnaires régulant (mal) les banques savent qu’une place de direction les attend, avec un salaire souvent majoré d’un zéro.

Sauver le système financier et l’État

Regardons maintenant l'impact des décisions de la Fed sur le taux d’intérêt à long terme auquel se finance l’État américain. Le taux à long terme a suivi une tendance quasiment linéaire entre 1995 et 2020, sans atteindre – mais de peu – les stupéfiants niveaux négatifs de certains pays d'Europe. Ce taux est ensuite remonté de 3,5 points en deux ans pour se rapprocher des 4 %.

Cette tendance n’a pourtant pas été « naturelle » ; elle est en grande partie la conséquence du niveau du taux directeur de la Fed, lui-même guidé en partie par le niveau d’inflation et par les crises économiques.

Si on retranche l’inflation à un taux d’intérêt, un obtient un taux net d’inflation appelé aussi « taux d’intérêt réel ». On s’aperçoit alors que le taux directeur de la Fed est en réalité négatif depuis 20 ans ! Cela signifie qu’il a été la plupart du temps inférieur au niveau de l'inflation. Dit autrement, ce choix politique n'est rien d'autre qu'une aide permanente et illégitime de la puissance publique pour les marchés financiers, au grand bénéfice des plus riches qui y placent leur épargne excédentaire.

En ce qui concerne les taux des emprunts d’État – prétendument les plus sûrs –, ils se situent à des niveaux assez bas depuis la crise de 2008 et plafonnent actuellement à +1,1 % par an en termes réels, un niveau bien faible au vu de la durée des placements (10, 20, 30 ans) et de l'incertitude sur ce que sera l'inflation durant cette période. Dans un système bien géré, un taux réel de 1 % (c’est-à-dire des taux d’intérêt nominaux supérieurs de 1 % au taux d’inflation) semble un objectif raisonnable, car il permet de récompenser l’investissement sans augmenter trop fortement les inégalités.

Dès lors, l’empressement des marchés financiers à réclamer une baisse de ce taux famélique est de mauvais augure pour les investissements productifs à venir et donc pour l’activité économique des 10 prochaines années. Comme les gouvernements font également pression pour baisser les taux au vu des montants pharaoniques de leur dette publique (voir notre analyse de la dette publique américaine), il est assez probable qu’on entre dans une ère de répression financière pour beaucoup de patrimoines, c’est-à-dire de diminution de la valeur réelle des patrimoines financiers en raison d’une rémunération des actifs inférieure à l’inflation, comme cela a été le cas en 2023.

Certains se réjouiront probablement de cette diminution des patrimoines financiers par ce biais là, mais ce n’est pas forcément une bonne politique. Une saine réduction des inégalités passe par une augmentation des impôts progressifs, qui permettent de bien cibler les bons contribuables avec des capacités importantes. La répression financière par le biais de l’inflation et de taux trop bas frappe d’abord les petits patrimoines financiers, puisque les plus gros circulent sur la Planète et bénéficient souvent de diverses protections pour maximiser leur rentabilité. Ne craignez donc rien pour les Bernard Arnault et les autres milliardaires : ils ne seront pas, eux, financièrement réprimés...

Le changement de rôle de la Fed

Pour terminer, l’observation de la maturité des créances de la Fed est également riche d’enseignements. Ainsi, sur l’ensemble des créances présentes dans le bilan de la Fed, soit près de 8 000 Md$, environ 25 % ont une maturité inférieure à 1 an, et 43 % inférieure à 5 ans. En 2006, c’était respectivement 60 % et près de 90 %.

La banque centrale américaine est ainsi sortie de son rôle traditionnel : assurer de la liquidité à court terme. Depuis 2008, elle tient en effet un rôle de financeur à très long terme, de dernier recours, des marchés et de l’État fédéral. Ces titres de long terme n’avaient jamais eu, jusqu’à présent, une telle place dans le bilan d’une banque centrale, comme on le voit avec l’évolution de la maturité moyenne du portefeuille de la Fed. Le seul évènement quelque peu comparable était la période de la crise des années 1930 suivie de la Deuxième Guerre mondiale, mais on constate que l'ampleur et la durée de "l'anomalie" du bilan avaient alors été beaucoup plus faibles. Ce qui en dit long sur la gravité de la situation actuelle du système bancaire et financier.

La Fed s’est donc transformée d’une banque centrale classique agissant à court terme en une sorte de banque de défaisance d’actifs à long terme, c’est-à-dire en une banque commerciale « non conventionnelle » chargée de nombreux actifs de long terme plus ou moins risqués. Un tel changement pose donc de sérieux problèmes pour la crédibilité future de la banque centrale américaine – une situation très ennuyeuse, car elle aura moins de capacités à l’avenir en cas de nouvelle crise.

Soulignons que cette « crise d’obésité », unique dans toute l’histoire moderne des banques centrales, n’a pas frappé uniquement la banque centrale américaine mais aussi les banques centrales européennes. Cela nous montre la gravité d'une gestion néolibérale inconséquente, qui crée des trous de plus en plus gros pour boucher ceux issus de ses mauvaises politiques passées...

Les banquiers centraux des Trente Glorieuses sont horrifiés de ces pratiques, comme nous l’a raconté l’ancien gouverneur de la Banque de France et du FMI, Jacques de Larosière :

Certes, certains économistes défendent l’idée que tout ceci n’est pas si grave, car les bilans de la Fed et de la BCE sont encore loin de celui de la banque centrale du Japon, qui n'a toujours pas fait disjoncter le système. Et ce constat est réel.

Néanmoins, le cas très particulier d’un pays de taille limitée et très refermé sur lui-même n’est sans doute pas le meilleur exemple de la limite que pourraient atteindre les systèmes bancaires et financiers occidentaux. L'avenir nous le dira et, hélas, probablement plus vite que ce que beaucoup pensent. C'est pourquoi nous continuerons de suivre de près ces données financières sur Élucid.

Ce qu’il faut retenir

La Fed a connu une explosion de son bilan depuis la crise de 2008, fortement aggravée par celle de 2020. Elle a dû intervenir en menant des « politiques non conventionnelles » pour empêcher l’écroulement du système financier ainsi que de graves problèmes de financement des États.

Ces politiques ont été un succès de court terme, derrière lequel se cache l'amplification de sérieux problèmes économiques. Les banques centrales se retrouvent désormais obèses, gavées d’actifs de long terme risqués et/ou dont la valeur diminue. Cela va donc compromettre leur crédibilité à l’avenir et donc leur retirer des capacités en cas de futures crises.

Les banques centrale semblent donc aujourd'hui dans l'impasse. Si elles ont récemment adapté leurs politiques monétaires pour diminuer la taille de leur bilan, cette baisse ralentit fortement l'activité économique, d’où les pannes de croissance et de pouvoir d’achat qui se généralisent.

Les banques centrales sont également sous pression des marchés financiers et des gouvernements pour réduire de nouveau leur taux directeur, alors que l’inflation n’a pas retrouvé son niveau habituel et que les taux sont en réalité quasiment à leur niveau normal. Mais le néolibéralisme financier, improductif et drogué aux soutiens publics, réclame ce qu’il considère comme son nouveau dû pour relancer la machine à bulle et à profits. Nous verrons en 2024 si les banquiers centraux leur cèdent une nouvelle fois.