
Le même homme qui pestait contre le « tabou de la réussite » en France et dont les ambitions post-présidentielles se résumaient à « faire du fric » avait promis de moraliser le capitalisme. Nicolas Sarkozy renouvela son engagement de campagne à travers plusieurs discours, notamment celui de Toulon, le 25 septembre 2008 - prononcé dans le contexte d’une « crise financière » inédite, mieux comprise comme la résultante de décennies de globalisation néolibérale - et celui de Davos le 27 janvier 2010.
La nostalgie des Trente Glorieuses
L’ancien Président attribuait, à chaque fois, aux « excès » et aux « dérives » du capitalisme, et non au capitalisme lui-même, les indécentes inégalités dont il dressait la liste : l’ascendant démesuré du capital sur le travail, les « paradis fiscaux », la concurrence déloyale, les bonus des traders ou encore les salaires exorbitants, les parachutes dorés et les stock-options des grands patrons.
Mis à part quelques appels très généraux à un changement « en profondeur » de notre façon de consommer et de produire, l’alternative formulée par Nicolas Sarkozy s’assimilait à un pur retour en arrière. Le Président parlait d’ailleurs d’une « refondation ». Elle visait la renaissance d’un prétendu capitalisme moral, non « dénaturé » par la loi du plus fort, la financiarisation et l’autorégulation des marchés. Le temps long y serait privilégié par rapport au court terme, l’entrepreneur prendrait la place occupée aujourd’hui par l’actionnaire ou le « patron voyou » et l’éthique du travail (le sens de l’effort, de l’initiative et de la responsabilité) se substituerait à l’« argent facile de la spéculation ». Le politique dominerait également les grandes banques actuellement « too big to fail », c’est-à-dire trop grosses pour ne pas entraîner les États dans leur chute. L’économie de marché contribuerait, enfin, à réduire les inégalités en éliminant les rentes, les ententes et les monopoles.
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