Chine : l’envolée fulgurante de la croissance chinoise

Depuis le lancement des « réformes économiques chinoises » en 1978, la croissance de la Chine est l’une des plus dynamiques du monde. Le pays est devenu la deuxième puissance économique mondiale en 2011 et continue d’avoir une croissance soutenue, bien qu’ayant ralenti lors de la dernière décennie. Foyer de la pandémie mondiale de Covid-19, elle est l’un des rares pays du monde à n’avoir pas connu la récession en 2020.

Graphe Économie
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publié le 25/11/2021 Par Élucid
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Contrairement aux autres grandes puissances mondiales, la Chine n’a connu aucune année de récession depuis 30 ans. Sur le graphique ci-dessous, on observe l’envol spectaculaire et le caractère ininterrompu de la croissance chinoise. Entre 1992 et le deuxième trimestre 2021, le PIB trimestriel chinois a ainsi été multiplié par 40.

En exprimant le PIB chinois en milliers de dollars, on mesure bien l’envolée de la croissance chinoise et son accélération à partir du début des années 2000. Le PIB chinois annuel en valeur absolue a ainsi été multiplié par 90 depuis 1960, et s’établissait à 14 300 milliards de dollars constants fin 2020.

La croissance trimestrielle chinoise permet de voir plus en détail la dynamique de croissance chinoise après la crise de 2008. En effet, alors que toutes les puissances économiques ont été en récession en 2009, la Chine a seulement connu une inflexion de sa croissance trimestrielle, qui a connu une progression plus lente (1,3 %) au premier trimestre 2009. La croissance trimestrielle s’est ensuite rétablie au-dessus de 2 % en moyenne en 2010, avant de se réduire progressivement, pour s’établir à une moyenne de 1,5 % en 2019.

La crise du Covid-19 a ensuite occasionné le premier trimestre de récession de la Chine depuis plus de quarante ans : -1,5 % au premier trimestre 2020. La Chine a retrouvé la croissance dès le deuxième trimestre 2020, et a même connu une croissance exceptionnelle de 6,8 % au premier trimestre 2021 par rapport au dernier trimestre de 2020.

Si l’on observe ces chiffres sur un an glissant, on note bien un ralentissement de la croissance en 2009, au cours de la crise des subprimes, ainsi qu’un nouveau ralentissement lors de la crise du Covid-19. Cependant, la croissance trimestrielle sur un an glissant n’est jamais descendue en dessous de 2,4 %, qui était le taux de croissance enregistré sur l’ensemble de l’année 2020.

Sur les cinq dernières années, la consommation des ménages et l’investissement des entreprises sont les deux moteurs qui portent la croissance chinoise. Il n’y a qu’au premier trimestre 2020 — en pleine crise du Covid-19 — que la consommation et l’investissement se sont effondrés, pesant ainsi négativement sur la croissance.

Le commerce extérieur chinois pèse également positivement sur la croissance, même si l’on observe que cela n’a pas été le cas au cours de huit trimestres entre début 2016 et fin 2018. L’année 2016 a en effet été marquée par un recul de 10 % des exportations chinoises, tandis qu’en 2018, c’est la hausse de 16 % des importations qui a pesé négativement sur la balance commerciale, et donc sur la croissance.

Sur le temps long, on distingue clairement les dynamiques de la croissance chinoise ces cinquante dernières années. Dans les années 1960, la Chine a connu quatre années de récession, et la croissance annuelle moyenne de la décennie a été de 3,4 %. La croissance moyenne a ensuite doublé dans les années 1970, avant de se stabiliser autour de 10 % de 1980 jusqu’en 2010. La dernière décennie a marqué un net recul de la croissance chinoise, qui est tombée à 7,7 %.

Cela témoigne de l’essoufflement du modèle chinois, basé sur les exportations et sur un dynamisme industriel financé par un endettement massif des entreprises, du secteur public et du secteur financier. Depuis 2016, les autorités veulent donc réorienter ce modèle — générateur de bulles immobilières, de fragilité du système bancaire et de surcapacités industrielles — et miser davantage sur la consommation intérieure et le secteur des services. Mais cette transition tarde à se matérialiser et se paie en points de croissance.

Une croissance moins rapide du PIB par habitant

Le PIB par habitant chinois a également augmenté de manière très importante depuis le début des années 1980. On voit ainsi que le PIB constant par tête s’établissait à 240 dollars en 1960, à 430 dollars en 1980, à 2 400 dollars en 2001, année de l’entrée de la Chine dans l’OMC, et à 10 200 dollars en 2020. Soit une multiplication par 42 sur l’ensemble de la période, et par 24 depuis le début des réformes économiques chinoises des années 1980. Cela a permis la réduction drastique de la pauvreté : selon la Direction générale du Trésor français, 745 millions de Chinois sont sortis de la pauvreté entre 1995 et 2020.

Cependant, la démographie chinoise a pesé sur la croissance du PIB par habitant. Le graphique ci-dessous montre en effet que, depuis 60 ans, la croissance du PIB par habitant est inférieure à celle du PIB global. Entre 1980 et 2010, alors que le PIB global croissait de 10 % par an en moyenne, le PIB par habitant ne croissait que de 8,6 %. Un chiffre qui reste tout de même exceptionnellement élevé.

On note cependant que, lors de la dernière décennie, l’écart entre la croissance moyenne du PIB global (7,7 %) et du PIB par habitant (7,2 %) s’est réduit à seulement 0,5 point.

Afin de bien percevoir l’ampleur de la croissance chinoise des quarante dernières années, on peut la comparer avec la croissance française. On constate ainsi un décollage de la croissance chinoise à partir de 1980. Alors que les deux pays enregistraient des niveaux de croissance du PIB par habitant similaires jusqu’en 1977, les courbes ont ensuite divergé durablement. De 1985 à 2008, la croissance du PIB par habitant français se situait ainsi autour de 2 % par an, contre 9 % en Chine. La croissance du PIB par habitant chinois est même montée jusqu’à 10 % entre 2010 et 2012, tandis que celle de la France est descendue jusqu’à 0,3 % en 2016 et 2017.

Comme nous l’avons vu, la décennie 2010-2020 est cependant marquée par un ralentissement de la croissance chinoise, et par conséquent de celle du PIB par tête. Il s’établissait en 2020 à 6,3 %, son plus bas niveau depuis 1983.

En mars 2021, le 14e plan quinquennal pour la période 2021-2025 a été adopté, et donne des indications sur le futur de la stratégie économique chinoise. Pour la première fois, le plan quinquennal chinois ne donne pas d’objectifs de croissance annuelle précis, mais vise seulement une croissance « d’au moins 6 % en 2021 ». La priorité du gouvernement chinois pour les cinq ans à venir est de miser davantage sur un modèle de croissance plus « qualitatif ».

Cela signifie notamment que la Chine souhaite réduire sa dépendance à l’étranger, en faisant de l’autonomie technologique et du développement de sa consommation intérieure ses priorités. L’écologie et la réduction des inégalités entre provinces constituent enfin d’autres préoccupations du régime chinois. La poursuite par Pékin d’une croissance à deux chiffres semble donc bel et bien terminée.

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