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Le « monde d’après » le Covid s'avère être un simple miroir du « monde d’avant »… mais en pire. Fin 2023, les consommateurs ont le moral au plus bas dans tout l’Occident, ce qui entraîne une baisse de confiance pour les entreprises. Dès lors, une bascule vers une baisse de la production de l'économie est actuellement enclenchée dans beaucoup de pays, dont la France, et celle-ci ne sera hélas pas sans conséquences pour nos emplois et nos salaires. Bien que, pour le moment, « l'argent magique » dilapidé par le gouvernement camoufle les problèmes en cours. Explications.

publié le 07/12/2023 Par Olivier Berruyer

1- Une confiance du consommateur morose
2- La confiance des entreprises en net repli
3- L'indice PMI en repli, surtout dans l'industrie
Ce qu'il faut retenir


Le PIB reste un indicateur majeur de l’activité économique. Il mesure la valeur de la production d’un pays, mais également celle des revenus avec, en premier lieu, les salaires perçus. De ces notions découle logiquement l’évolution du chômage, du pouvoir d’achat, de la pauvreté, etc. Anticiper l’évolution de l’activité économique est donc particulièrement important pour chacun d'entre nous. Pour cela, il est possible d’utiliser différents indicateurs avancés, que nous allons analyser dans cet article.

L’indice de confiance du consommateur reste morose

L’indice de confiance du consommateur permet de visualiser le « moral des ménages », à partir de sondages d’opinion. Un indicateur supérieur à 100 signale un « optimisme » des consommateurs envers la situation économique future, ce qui entraîne généralement une baisse de l’épargne et une volonté de dépenser de l'argent pour des achats importants au cours des 12 prochains mois. Cela présage souvent d’un meilleur climat économique à venir. En revanche, les valeurs inférieures à 100 indiquent un pessimisme envers l’avenir, qui entraîne souvent une tendance à épargner davantage et à dépenser moins, ce qui s'avère mauvais pour l’emploi et les salaires.

En France, la confiance du consommateur – qui avait pourtant rapidement rebondi en 2021 après la chute liée à la crise du Covid – reste morose depuis le retour de l’inflation et la guerre en Ukraine. Alors qu’un plus bas a été atteint en septembre 2022 – inconnu depuis 40 ans – l’indice est à peine remonté et il redescend depuis quelques semaines, à un niveau qui n’a pas été atteint depuis 10 ans. C’est le signe que l’économie est bien loin d’être sortie de la crise.

Ceci est inquiétant, car un tel moral des ménages ne peut qu’entraîner un niveau de consommation très bas. Ceci va certainement provoquer une récession dans les prochains trimestres.

Plus en détail, on note que les consommateurs sont toujours plus pessimistes sur l’évolution du pays que sur celle de leur situation personnelle. Les opinions sur ces deux situations, passées comme futures, restent malgré tout pessimistes, bien qu’en amélioration.

Comme souvent, le moral du consommateur français est proche de celui du consommateur allemand. Les deux restent nettement pessimistes. La différence est que l’Allemagne est entrée en récession il y a maintenant un an, en raison des problèmes énergétiques que connaît ce pays. La France devrait logiquement connaître la même situation, mais notre calamiteux gouvernement a préféré générer d'immenses déficits qui, certes, ont un peu amorti la crise, mais dont les énormes charges d’intérêts vont à l’avenir pénaliser nos services publics et mettre le pays encore plus sous la coupe des marchés financiers.

Dans les autres grands pays européens, la dynamique pour les consommateurs est la même – désormais orientée à la baisse –, seuls les niveaux changent : l’Italie a un moral proche de la neutralité, celui de l’Espagne se situe entre celui de la France et de l’Allemagne, et celui du Royaume-Uni reste le plus bas des grands pays européens.

Le même mouvement a également lieu en Belgique – qui approche la neutralité – aux Pays-Bas et en Suisse, mais la confiance reste cependant à un niveau très bas en Suisse.

La confiance des consommateurs américains a globalement suivi celle des consommateurs européens depuis la crise des subprimes ; les deux restent actuellement dans un relatif pessimisme.

La situation est très différente en Chine, où le pessimisme des consommateurs reste à des niveaux abyssaux – la Chine remporte même la palme du pessimisme des grands pays –, ce qui va probablement poser de graves problèmes économiques à Pékin. La situation est meilleure au Japon, mais le moral reste dans un pessimisme qui semble désormais pérenne.

Les consommateurs mondiaux restent donc généralement dans un état d’esprit fortement pessimiste. Mais qu'en est-il des entreprises ?

La confiance des entreprises en net repli

Tout comme l’indice de confiance du consommateur sonde le moral des ménages, l’indice du climat des affaires évalue la confiance des entreprises à partir de sondages. Il permet donc d’anticiper leurs futures embauches et investissements.

Contrairement à celui des consommateurs, le moral des entreprises françaises n’est pas à un plus bas historique, il est même à un niveau moyen, un peu inférieur à 100, donc proche de la neutralité. En revanche, il est en dégradation continue.

L’Insee calcule d’ailleurs un indicateur de retournement, qui tente de détecter le plus tôt possible le moment où la conjoncture se retourne. Il évolue entre +1 et -1 : un point très proche de +1 (respectivement de -1) signale que l'activité est en période de nette accélération (respectivement de nette décélération). Et justement, cet indicateur vient de s’inverser : un mauvais signe pour l’activité économique des prochains mois.

Ce pessimisme frappe particulièrement le commerce de gros. Le moral dans l’industrie et les services est également en baisse depuis février 2022. Le moral du commerce de détail a connu un brutal retournement durant l’été 2023, autre signe inquiétant venant des professionnels le plus en contact avec les consommateurs. Celui du bâtiment se dégrade également depuis quelques mois, en raison des problèmes actuels du secteur immobilier.

Conséquence hélas logique de cet état d’esprit, le climat de l’emploi – c’est-à-dire l’opinion des entreprises sur la tendance récente et à venir des effectifs dans leur entreprise – est également en net repli, et va bientôt passer en territoire négatif. Ceci est cohérent avec la hausse actuelle du chômage que nous avons analysée dans ce récent article.

Chez nos grands voisins, le climat des affaires est cohérent avec celui des consommateurs : orientée à la baisse en Italie et en Allemagne. Le climat vient cependant de repasser dans un léger optimisme au Royaume-Uni.

La Belgique et la Suisse connaissent un approfondissement du pessimisme, en cohérence avec la confiance du consommateur.

Au Japon, la confiance des entreprises est stable, proche du pessimisme. En Chine, les entreprises restent évidemment pessimistes, en raison du niveau au plus bas de la confiance des consommateurs chinois.

Terminons enfin par la locomotive économique américaine. Le climat des affaires y évolue comme en Europe, mais sur une base plus pessimiste depuis 2021. Le pessimisme américain a même atteint au printemps un plus bas inconnu depuis 2008.

Cette tendance américaine à la morosité est confirmée par l’indice national d’activité de la Fed de Chicago, qui est une moyenne pondérée de 85 indicateurs de l’activité économique américaine.

Si cet indicateur reste encore loin du niveau prédicteur d’une récession, on observe bien qu’il est en net repli, signe que l’économie américaine devrait bientôt commencer à ralentir.

L’indice d’activité PMI en repli, surtout dans l’industrie

Terminons par le fameux indice «PMI » (Purchasing Managers’Index) ou indice des directeurs d'achat, qui est un des plus suivis au monde. Il reflète la confiance des directeurs d'achat de près de 30 000 entreprises dans 40 pays. Il a pour intérêt de bien séparer la confiance dans le secteur industriel de celle du secteur des services. En France, les deux secteurs sont à des niveaux très faibles, proches de ceux de 2009 et 2012.

En Europe, les indices des services sont en zone rouge, mais ceux de l’industrie manufacturière sont très mauvais, et tout particulièrement en Allemagne, conséquence des coûts élevés de l’énergie.

Dans le reste du monde, les indices américains et anglais sont proches de ceux de la zone euro, et les indices chinois sont un peu meilleurs, surtout dans l’industrie. L’industrie mondiale souffre ainsi lourdement dans la plupart des pays.

Que faut-il retenir ?

La plupart des pays occidentaux connaissent de réelles difficultés économiques, en raison d’une dégradation marquée de la confiance des ménages. La situation est particulièrement inquiétante en France, en Allemagne, au Royaume-Uni, aux États-Unis et encore plus en Chine.

Suivant évidemment le moral des ménages, celui des entreprises connaît les mêmes difficultés. Les indices PMI montrent des secteurs industriels sinistrés par les coûts de l’énergie et des secteurs des services atones.

Un tel constat devrait en théorie avoir conduit à une sérieuse récession. Elle a été, et est toujours, limitée par les énormes interventions publiques, comme en France. Mais comme celles-ci ont été financées à crédit, elles vont augmenter la charge de la dette publique et donc entraîner le versement d’intérêts encore plus élevés, et ce pendant des décennies. Et comme ces interventions commencent à refluer, nous risquons de connaître une nette dégradation dans les prochains trimestres au niveau de l’activité économique, et donc de l’emploi et des salaires. Nous continuerons donc à suivre ce phénomène de très près.

Cette analyse graphique originale d'Olivier Berruyer pour Élucid est une mise à jour de notre suivi régulier et actualisé des grands indicateurs économiques.

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