C’est une nouvelle brèche dans le mur des certitudes établies : un rapport du CEPII pointe du doigt l’impact négatif sur notre solde commercial du développement à l’étranger des multinationales françaises. La mondialisation n’aurait donc, dans ce domaine comme dans beaucoup d’autres, pas eu l’heureux effet escompté par ceux qui l’ont promue et qui la promeuvent encore au sommet de l’État. Une question d’importance à l’heure où tous les partis politiques font de la réindustrialisation du pays une priorité économique.
Le déficit commercial représente l’un des nombreux problèmes auxquels doit faire face une économie sous-industrialisée (quand elle ne dispose pas des ressources naturelles dont l’exportation pourrait compenser le déficit de ses échanges de biens manufacturés). Dans le cas de la France, il constitue un excellent poste d’observation du processus de désindustrialisation qui affaiblit notre pays depuis des décennies. Le dernier excédent commercial y remonte à 2003, c’est-à-dire à près de vingt ans.
Depuis, la France n’a connu que des déficits ; de plus en plus importants au cours des années 2000, ils ont même atteint, pour ne plus les quitter, des niveaux stratosphériques au cours de la décennie suivante (60 milliards d’euros en moyenne annuelle pour la période 2011-2021). Avec 85 milliards d'euros, le déficit de 2021 a pulvérisé tous les records, en attendant celui de 2022, dont tout indique qu’il dépassera 100 milliards d'euros (l’alourdissement conjoncturel de la facture énergétique y étant pour beaucoup).
Les auteurs du rapport distinguent trois types d’entreprise : les multinationales étrangères installées en France, les entreprises françaises dont l’activité ne dépasse pas les frontières de l’Hexagone, et les multinationales françaises. Les deux premiers types ont depuis 2000 une contribution négative à la balance commerciale de la France : entre -1 et -2 % du PIB par an pour les premières, entre -2 et -3 % pour les deuxièmes.
Ces chiffres appellent déjà un premier commentaire : beaucoup de multinationales installées en France n’y produisent pas, mais importent leur production pour l’écouler sur notre sol. Elles contribuent donc, par leur présence, à la dégradation marquée du tissu productif français. Les entreprises françaises non exportatrices jouent également un rôle à ce sujet, dans la mesure où elles importent des biens finis, des biens semi-finis et/ou des matières premières qu’elles vendent ou incorporent à leurs produits.
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