Lisbonne, le Tage ou les quartiers historiques de la ville comme l’Alfama font la joie de plus de 2,6 millions de touristes qui viennent en moyenne chaque année dans la capitale portugaise. Mais derrière l’euphorie touristique et les joies des vacances, la réalité immobilière du pays et particulièrement de Lisbonne dévoile les méfaits de la déréglementation qui a frappé ce secteur depuis 2011, et qui a placé ce pays face à un phénomène spéculatif. Le quartier historique de l’Alfama, connu pour être le berceau du fado portugais, est désormais peuplé à plus de 70 % par des logements de type Airbnb.

publié le 05/06/2024 Par Frédéric Farah

La situation dégradée de la capitale en termes de logements, et partant des inégalités qui s’y développent, doit être comprise au regard de l’histoire récente du Portugal et de ses bouleversements. Le cas de Lisbonne et du pays en général est intéressant à observer, car il raconte un phénomène en plein développement dans les grandes métropoles de l’Union européenne.

De la révolution des Œillets aux mesures de la Troïka européenne en 2011

En 1974, la Révolution des Œillets mit fin au long épisode dictatorial du Portugal commencé en 1926 sous la férule de Salazar. En ce temps, la situation du logement dans le pays et la capitale était pour le moins préoccupante. À l’époque, seulement 40 % des habitations du pays disposaient de l’eau courante, et un quart de la population vivait dans des logements insalubres. La Constitution portugaise, rédigée en 1976, consacre alors le droit au logement dans son article 65 : « 1. Chacun a droit pour soi et pour sa famille à un logement de dimension convenable, qui réponde aux normes de l'hygiène et du confort et qui préserve l'intimité personnelle et familiale ».

L’article définit une véritable politique du logement, tant il incombe à l’État de mettre en œuvre tout ce qui est nécessaire pour assurer ce besoin humain fondamental. Mais l’histoire récente du Portugal laisse ce droit au rayon des espoirs déçus de la révolution des Œillets, tant la crise du logement est devenue manifeste. Les investissements publics réclamés par la Constitution n’ont pas été au rendez-vous puisqu’entre 1987 et 2011, ils se sont élevés à environ 9,6 milliards d’euros dans le logement, soit à peine plus de la moitié que ce que le gouvernement consacre à la santé publique en un an.

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