Depuis son arrivée au pouvoir, le président Donald Trump a multiplié les mots durs à l'encontre de la Réserve fédérale américaine, et a entrepris tout ce qui était nécessaire pour déstabiliser l’institution et son président en particulier. Ces attaques interviennent alors que la Fed est de plus en plus contestée, notamment depuis la crise des subprimes et la reprise de l’inflation. Allons-nous assister à la remise en cause de l’indépendance de la Banque centrale américaine, plus de 80 ans après l’affirmation de ce principe ? Une telle bascule historique contient-elle des dangers ? Si un certain retour du politique peut être salué, les orientations du pouvoir américain laissent entrevoir la perspective d'une mainmise encore plus nette d’un capitalisme prédateur sur les institutions américaines.
Donald Trump compte bien profiter de son second mandat pour régler des comptes avec nombre d’institutions américaines qu’il juge hostiles à sa personne : justice, armée, renseignements, police, banque centrale, etc. Depuis janvier dernier, les limogeages, les agressions verbales, les menaces, et les suppressions de financement se succèdent. Le président américain hésite entre représentant de la première puissance mondiale et chef d’un clan pratiquant l’intimidation et l’insulte.
On trouve actuellement dans sa ligne de mire un certain Jérôme Powell, qui n'est autre que le président de la Banque centrale américaine – la Réserve fédérale ou Fed – pourtant nommé par Trump lui-même lors de son premier mandat en 2018. Un an après et sans discontinuer depuis lors, Trump a multiplié les reproches à son encontre, notamment à propos d'une gestion des taux d'intérêt jugée trop prudente et en défaveur de sa politique économique.
Jérôme Powell a été reconduit dans ses fonctions par le président Joe Biden jusqu’en 2026, et il reste membre du conseil des gouverneurs jusqu’en 2028, comme le veut le statut de la Fed de 1913. Mais ce statut reste ambigu quant à la possibilité pour le président des États-Unis de le limoger. Désormais, c’est une entreprise de déstabilisation qui se met en place à son égard, comme l’illustre l’affaire Lisa Cook.
Lisa Cook est économiste, nommée par Joe Biden au comité des gouverneurs en 2022. Elle ne peut faire l’objet d’une révocation que sur la base d’une cause valable, comme l’indique le statut de 1913. Mais la nature de cette cause reste floue dans les textes. S’appuyant sur le directeur de la Federal Housing Finance Agency nommé par lui-même, Donald Trump a invoqué la fraude hypothécaire pour la révoquer, des accusations niées en bloc par l'intéressée. Pour l’heure et après plusieurs recours, la Cour suprême américaine a bloqué son limogeage avant d'étudier l'affaire début 2026. C’est dire le climat qui règne entre la présidence et la Banque centrale américaine...
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