Royaume-Uni : le Brexit n'a pas affaibli la croissance du PIB britannique

Le Royaume-Uni a connu une période de croissance quasiment ininterrompue durant une décennie, stoppée par l’épidémie de Covid-19. Fin 2021, la croissance est repartie vigoureusement, mais le niveau du PIB trimestriel d’avant la crise sanitaire n’est toujours pas atteint.

publié le 08/02/2022 Par Élucid
Royaume-Uni : le Brexit n'a pas affaibli la croissance du PIB britannique

Le Royaume-Uni ne s’est pas encore tout à fait remis de la crise du Covid-19. Au troisième trimestre 2021, le PIB trimestriel britannique s’établit certes 13 % au-dessus de son niveau du premier trimestre 2008, mais encore 2,5 points en dessous de son niveau des deux derniers trimestres de 2019. Malgré le retour d’une forte croissance du PIB trimestriel dès le troisième trimestre 2020 — une augmentation de 16 points entre le deuxième et le troisième trimestre — il est donc encore inférieur à son niveau d’avant le début de la crise sanitaire.

Sur un an glissant, on constate la brutalité de la chute du PIB trimestriel lors de la crise du Covid-19 : elle a été de 21,4 % entre le troisième trimestre 2019 et le deuxième trimestre 2020, soit quatre fois plus importante que celle survenue lors de la crise des subprimes.

À l’inverse, le pic de croissance du PIB trimestriel a atteint 23,6 % sur un an glissant au premier trimestre 2021, soit près de 9 fois plus élevé que celui consécutif à la crise des subprimes.

Le graphique ci-dessous permet de distinguer précisément les périodes de récession et de croissance depuis début 2008. Lors de la crise des subprimes, le Royaume-Uni a connu cinq trimestres de récession consécutifs à partir du deuxième trimestre 2008. Puis, entre le troisième trimestre 2009 et le troisième trimestre 2019, le PIB trimestriel britannique a été en croissance quasiment chaque trimestre. Les seules exceptions ont été les deuxième et quatrième trimestres 2012 : l’économie britannique a notamment ralenti en raison de la crise des dettes souveraines en zone euro, qui a pénalisé les exportations.

Le deuxième trimestre 2020 a été particulièrement violent sur le plan de la croissance au Royaume-Uni : le PIB trimestriel a plongé jusqu’à -19,6 %, un niveau jamais atteint en France ni en Allemagne, où la récession trimestrielle a été respectivement de -13,5 % et de -10 %.

Si l’on regarde en détail les contributions sectorielles à la croissance, on constate plusieurs tendances :

- La consommation est le secteur contribuant le plus fortement à la croissance britannique depuis 2012. Durant l’année 2020, c’est évidemment l’effondrement de la consommation qui a entrainé la récession, comme dans tous les pays ayant mis à l’arrêt leur économie durant plusieurs semaines.

- Sur la période 2012-2017, l’investissement a été l’un des moteurs de la croissance britannique : il a contribué positivement à la croissance au cours de 17 trimestres sur les 24 de cette période. Il a ensuite ralenti entre début 2018 et mi-2020, avant de repartir depuis le troisième trimestre 2020.

- Le commerce extérieur britannique était le premier contributeur à la croissance à la fin de l’année 2019, mais que cette dynamique a été stoppée par la crise du Covid-19.

En prenant en compte la démographie britannique à travers le PIB trimestriel par habitant, on constate que cet indicateur a progressé moins rapidement que le PIB global depuis 2008 : sa croissance a été de 6,6 % entre début 2008 et fin 2019, contre 15,5 % pour le PIB global sur la même période.

Avec le début de la crise sanitaire au deuxième trimestre 2020, le PIB par habitant a chuté de 23,5 points par rapport à fin 2019, pour retrouver son niveau du quatrième trimestre 1998. Il est ensuite remonté rapidement, sans toutefois retrouver son niveau d’avant crise : au troisième trimestre 2021, il s’établit toujours 3,4 points en dessous de son niveau du deuxième trimestre 2019.

Une croissance élevée malgré le choc de 2008

Depuis les années 1960, la croissance britannique s’est affaissée, comme dans toutes les puissances occidentales. Cependant, elle ne s’est jamais effondrée et est restée relativement haute depuis 1980. Elle s’est même établie à un niveau supérieur à celui des deux autres grandes puissances européennes, la France et l’Allemagne :

- Entre 1980 et 1990, la croissance moyenne britannique était de 2,6 %, contre 2,4 % en France et 2 % en Allemagne ;

- Entre 1990 et 2000, la croissance moyenne britannique était de 2,2 %, contre 2 % en France et 2,2 % en Allemagne ;

- Entre 2000 et 2010, la croissance moyenne britannique était de 1,6 %, contre 1,5 % en France et 0,8 % en Allemagne ;

- Entre 2010 et 2020, la croissance moyenne britannique était de 2 %, contre 1,4 % en France et 2 % en Allemagne.

Sur le temps long, on constate que les années 1980 ont constitué un tournant dans la dynamique de croissance du Royaume-Uni. En effet, jusqu’en 1985, le taux de croissance britannique — tant du PIB global que du PIB par habitant — était inférieur à celui de la France. À partir de 1985, cette dynamique s’est inversée et le taux de croissance britannique — en particulier le taux de croissance du PIB par habitant — est resté significativement supérieur au taux de croissance français jusqu’en 2008.

Le graphique ci-dessous illustre également le choc qu’a représenté la crise des subprimes pour l’économie britannique. Alors que la croissance du PIB du Royaume-Uni s’établissait au-dessus de la croissance française entre 2001 et 2007, les deux pays ont retrouvé sensiblement le même taux de croissance de 2008 à 2020, même si le PIB global britannique croît légèrement plus rapidement qu’en France depuis 2014. Ceci illustre notamment que le « Brexit » ne semble pas avoir particulièrement affaibli la croissance britannique.