Un célèbre refrain veut que la Chine, l’Inde et la plupart des pays d’Asie soient « vieux » avant d’être « riches ». Ainsi, leurs populations vieillissantes deviendraient un fardeau pour des nations en voie de développement. En Asie du Sud, où la dénatalité n’est pas encore un sujet d’inquiétude, le vieillissement demeure une perspective lointaine ; en revanche, les effets délétères du changement climatique y sont plus notables qu’ailleurs. Question existentielle en gestation : ces nations seront-elles un jour réellement développées ou ne feront-elles que stagner, voire régresser sous le poids d’un dérèglement climatique très sévère ? L’antienne « vieux avant d’être riche » sera-t-elle remplacée par « ruinés avant d’être riche » ? Décryptage.
Un facteur particulier lié au changement climatique est à prendre en compte en Asie du Sud, celui du « thermomètre mouillé ». Au Pakistan et dans le nord-ouest de l’Inde, et de façon plus générale sur toute la bande tropicale et subtropicale allant du golfe persique au Vietnam, la zone est naturellement nimbée d’une chaleur humide. Or, celle-ci ne cesse de s’accroître. Au vu des tendances actuelles, certaines zones risquent de devenir littéralement inhabitables.
L’humidité, un véritable danger pour l'Homme
Varanasi, en Inde, une moto file à vive allure sur un chemin de campagne, un nuage de poussière s’élève dans son sillage. Le pilote, un jeune, pile au milieu d’un terrain en jachère. En quelques vives enjambées, il rejoint un lopin de terre où il colmate l’arrivée d’eau d’une mini parcelle inondée afin d’en inonder une autre où des plants de choux n’étaient pas loin de flétrir. Craquelé par la sécheresse, le sol s’est compacté, du béton.
Quoi que le gaspillage d’eau induit par un tel mode d’irrigation au beau milieu de la journée laisse dubitatif, le système de pompage des nappes phréatiques alimenté par des capteurs solaires présente un indéniable progrès. Se rafraîchir le visage dans le collecteur d’eau y attenant relève d’un pur délice. Un ancien désigne le krama (le foulard rayé en coton typique des Khmers que l’on retrouve sous d’autres noms dans toutes les campagnes du Vietnam au Pakistan), qui me tient lieu de protection ultime contre les morsures du soleil et m’invite à le tremper dans l’eau. « Good idea sir ! » Rien de tel que l’inusable pièce de tissu humide sur la tête afin de se préserver des très fortes chaleurs qui s’abattent sur le nord de l’Inde au printemps.
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