Le choc pétrolier de 1973 a été associé à tort, dans l’imaginaire collectif, à l’embargo sur les exportations de pétrole décrété par certains pays de l’OPAEP. En réalité, ce premier choc fut déclenché par une baisse de la production pétrolière américaine à partir de 1970 et par l’afflux de demande subséquent sur un marché mondial proche de la saturation (lire notre article « Quand le pic pétrolier américain a provoqué la crise mondiale de 1973 »). Pour tenter de répondre à la demande toujours croissante en pétrole des pays industrialisés, les États ont commencé à se tourner vers des énergies alternatives comme le nucléaire ou le gaz naturel. Ils ont aussi encouragé le développement des zones pétrolières difficiles d’accès comme le pétrole offshore. Ils ont enfin – et c’est moins connu – poussé plus que de raison les pays du Moyen-Orient à augmenter leur production. L’Arabie saoudite ou l’Iran, géants pétroliers aux réserves que l’on croyait inextinguibles, en furent notablement victimes. Et c’est aussi la vraie cause du second choc pétrolier de 1979. Analyse.
Le choc pétrolier de 1973 a témoigné de façon claire la dépendance de l’économie mondiale au pétrole bon marché. Si la production mondiale toussait, c’est l’ensemble de l’économie qui tombait malade. Plutôt que de résoudre ce lien de dépendance, les Occidentaux ont au contraire poussé pour accroître davantage encore la production de pétrole au Moyen-Orient. Les entreprises privées qui y contrôlaient la production et leurs régimes clients ont été incitées à cela par la forte hausse des cours du baril. Entre 1973 et 1980, ce prix a augmenté de manière continue, passant de 20 $ à 116 $ (en monnaie de 2021).
Cependant, l’extraction de pétrole répond à un ensemble de contraintes géologiques et techniques, de sorte qu'il existe un rythme de croisière idéal permettant d’extraire un maximum de pétrole sur une période la plus étendue possible. Si l'on accélère ce taux d’extraction pour des raisons financières sans investir dans des infrastructures de soutien, on risque à terme d’endommager la capacité de production du champ pétrolier et de récupérer moins de pétrole qu’initialement prévu.
L’alerte saoudienne
L’Arabie saoudite, qui contrôle les plus grandes réserves pétrolières de la planète ainsi que le plus grand champ pétrolier du monde (Ghawar), a été un des derniers pays du Golfe persique à réaliser la nationalisation complète de son industrie pétrolière. Jusqu’en 1980, des dirigeants et des ingénieurs américains ont été aux commandes de l’entreprise pétrolière du pays l’Aramco. En conséquence, les décisions prises dans l’entreprise relevaient de l’intérêt national américain.
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