Une civilisation industrielle verte est une contradiction dans les termes. Nicolas Casaux, auteur de Mensonges renouvelables et capitalisme décarboné : notes sur la récupération du mouvement écologiste (Libre, 2024), souligne l’incohérence de la plupart des figures et des organisations associées à l’écologie aujourd’hui, et éclaire sur l’ampleur des changements et des abandons (de l’industrie, des technologies, du confort bourgeois, etc.) à opérer pour avancer enfin dans la bonne direction.

publié le 14/07/2024 Par Laurent Ottavi

Laurent Ottavi (Élucid) : Quelles raisons vous poussent à écrire que le mouvement écologique fait l’objet depuis le début d’une récupération permanente ? Quel est le sens, également, de la distinction que vous faites entre mouvement écologique et mouvement climat ?

Nicolas Casaux : Les dirigeants de la civilisation industrielle, les chefs d’États et d’entreprises, les gouvernants, et d’autres membres des classes supérieures (ingénieurs, scientifiques) s’inquiètent depuis longtemps des conséquences néfastes de l’industrialisme sur le monde naturel. Des mesures ont été prises dès le XIXe siècle (créations de parcs, de réserves), et même avant. Dès le début du XXe siècle, des organisations écologistes ont été créées et des événements organisés autour de la protection de la nature, grâce à de l’argent provenant des États et des industriels. C’est pour cela que je parle d’une récupération permanente.

Dès le départ, les inquiétudes liées à la destruction de la nature font l’objet de tentatives de gestion de la part des institutions dominantes, qui s’efforcent de les incorporer à la perpétuation de l’ordre établi. Et dès le début du XXe siècle, cela produit des idées qui correspondent peu ou prou à ce qu’on appelle aujourd’hui le « développement durable » : on déplore les ravages de la nature par l’industrie, mais on célèbre les « progrès » de cette dernière, et on imagine possible de concilier développement industriel et préservation de la nature.

Je distingue « mouvement écologiste » et « mouvement climat », parce que ces deux termes recouvrent des réalités différentes. On parle de « mouvement écologiste » depuis au moins les années 1970, pour désigner différentes formes de combats en faveur de la préservation de la nature. Un précurseur du mouvement écologiste comme Bernard Charbonneau, dans les années 1970 justement, estimait que :

Lisez la suite et soutenez un média indépendant sans publicité

S’abonner
Accès illimité au site à partir de 1€
Des analyses graphiques pour prendre du recul sur les grands sujets de l’actualité
Des chroniques et des interviews de personnalités publiques trop peu entendues
Des synthèses d’ouvrages dans notre bibliothèque d’autodéfense intellectuelle
Et bien plus encore....

Déjà abonné ? Connectez-vous