Embargo indonésien : crise énergétique dans une Asie droguée au charbon

Avec une décision unilatérale, Jakarta a bloqué toutes les exportations de charbon pendant quinze jours, provoquant une mini-crise énergétique et diplomatique en Asie. L’objectif ? Dompter les intérêts des entreprises privées et du marché.

publié le 07/02/2022 Par Marco Cesario
Embargo indonésien : Crise énergétique dans une Asie droguée au charbon

Le 1er janvier, l'Indonésie - premier fournisseur mondial de charbon thermique - a décidé à l'étonnement général de suspendre ses exportations de charbon pendant environ deux semaines, ce qui a suscité de vives inquiétudes et une mini-crise diplomatique en Asie.

La perte de 40 % du marché du jour au lendemain, au milieu du pic de la demande hivernale, a provoqué en effet une nouvelle flambée des prix du charbon et une vague de panique dans la région. Après deux semaines de gestion autarcique de ses réserves, l'Indonésie est revenue à la raison sous la pression des grands importateurs tels que la Chine, les Philippines, la Corée du Sud et le Japon.

Le contexte énergétique de cette décision unilatérale n'est pas des plus heureux. La demande de charbon - le plus polluant des combustibles fossiles et celui qui génère le plus d'émissions de gaz à effet de serre - a augmenté au niveau mondial ces derniers mois en raison de la crise énergétique complexe qui sévit dans diverses régions du monde.

Selon l'Agence internationale de l'énergie (AIE), la demande de charbon n'a jamais été aussi élevée qu'en 2021 et le sera encore en 2022. Mais pourquoi l'Indonésie a-t-elle décidé de prendre des mesures aussi draconiennes au milieu d’une crise énergétique mondiale ?

Il se peut qu'une certaine pression ait été exercée sur le système de distribution du pays, bien que l'opérateur ferroviaire public KAI ait investi massivement ces dernières années dans l'expansion de son réseau de fret dans le sud de Sumatra, riche en charbon. Mais l'interdiction soudaine d'exporter n’a rien d’un pari risqué. Elle découle d'un calcul politique. L'objectif de Jakarta était en fait double : interne (producteurs) et externe (marché).

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