Par son ancrage historique et institutionnel, la Politique Agricole Commune (PAC) de l’Union européenne est en totale inadéquation avec les enjeux environnementaux. Pour analyser cette situation, il est intéressant de se pencher sur la culture de maïs, directement liée à la crise de l’eau et aux émissions de gaz à effet de serre. Elle est emblématique d’un système qui creuse sa propre tombe et ne sert pas efficacement les intérêts des agriculteurs comme des consommateurs.
« Quand on parle de l’eau, on parle en réalité d’irrigation », tranche nettement Nicolas Fortin, paysan éleveur et agriculteur dans la Vienne, secrétaire national de la Confédération Paysanne. « Or, 93 % de la surface agricole française n'est pas irriguée ». Voilà de quoi replacer dans leur contexte les tensions liées à l’approvisionnement en eau des terres cultivées qui ont ponctué l’actualité nationale en 2023, hiver comme été.
Nul doute sur le fait que ces préoccupations sont légitimes, les sécheresses hivernales et estivales qu’a connues notre pays cette année pourraient constituer la norme d’ici le milieu du siècle, selon Météo France. Une adaptation à cette nouvelle donne s’impose.
Le maïs concentre les enjeux environnementaux et géopolitiques. Au niveau national, c’est la principale culture irriguée en France, avec 48 % de la surface irriguée. Si l’irrigation ne concerne que 35 % des surfaces de maïs grain, elle représente 45 % de sa production. La France est le premier producteur de maïs de l’Union européenne (UE) et le maïs est la première céréale produite dans le monde.
Le tournant de la PAC de 1992
En France et dans l’UE, il est impossible de considérer la production agricole sans intégrer l’influence de la PAC, cadre du système agricole depuis 1962. Cette politique a favorisé l’agriculture intensive répondant à un modèle productiviste. En 1992, les lobbys de l’agriculture industrielle négocient une surprime pour amortir et poursuivre les investissements liés à l’irrigation. « À la mise en place des aides directes de la PAC cette année-là, donc des aides à l'hectare, on s'est retrouvés avec une aide différenciée », se souvient Nicolas Fortin. « Tu faisais du maïs à culture sèche, tu avais 150-200 euros. Et si tu étais en maïs irrigué, tu avais le double d'aide à l'hectare. Ce n’était pas le cas partout, mais dans mon département c’était bien le double ».
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