Voici un siècle, le 1er septembre 1923, la terre se mit à trembler au Japon : le séisme de Kantô fit plus de 140 000 victimes. Au lendemain du désastre, des règles de construction strictes furent établies pour se prémunir d'une autre catastrophe en cas de futur séisme de grande ampleur. Cette fois-ci, l’archipel se devait d'être prêt, enfin autant que possible. Avec une puissance de 9,1 sur l’échelle de Richter, le tremblement de terre du 11 mars 2011 fut l’un des plus forts jamais enregistré. Somme toute, les normes antisismiques démontrèrent ce jour-là leur efficacité ; toutefois, elles se révélèrent insuffisantes face au tsunami qui s’ensuivit. Sur les 18 000 morts et disparus dénombrés, 90 % d’entre eux furent emportés par les vagues destructrices. Il en fut de même pour la centrale nucléaire de Fukushima-Daiichi qui, après avoir résisté aux secousses, fut ensuite ravagée par le tsunami – une centrale qui fait aujourd’hui de nouveau parler d’elle à propos du programme de rejet de son eau dans l'océan Pacifique.
Treize ans après la catastrophe, la centrale nécessite toujours un refroidissement non conventionnel. Trois des six réacteurs ont littéralement fondu, la matière fissile a percé les enceintes de confinements. Conséquence : l’eau des systèmes de refroidissement est en contact direct avec le corium, un magma hautement radioactif de matériaux issus de la fusion des réacteurs. Dans un premier temps, la solution a été de stocker les eaux contaminées dans des cuves étanches. Elles contiennent aujourd’hui 1,34 million de tonnes d’eau. Selon Tepco (Tokyo Electric Power Company), l’opérateur de la centrale nucléaire de Fukushima, le site arrive à saturation.
Une solution pérenne devait être mise en œuvre pour désengorger les lieux et dégager ainsi l’espace nécessaire au démantèlement des réacteurs. Une gageure, a priori personne ne sait comment extraire près de 880 tonnes de corium sans susciter une nouvelle catastrophe. En attendant, Tepco a entrepris de régler le problème des eaux usées en les purifiant avant leur dilution dans l’océan Pacifique. L’affaire ne va pas sans faire grincer des dents au Japon, mais aussi en Chine et en Corée du Sud. Déjà, c’est Tepco, la société au cœur du désastre qui est en charge du projet, ce qui laisse sceptique vu son passif.
Un opérateur responsable mais non coupable
Si l'on en croit l'argumentaire soutenu par les trois principaux dirigeants de Tepco, puisque personne ne pouvait anticiper un tsunami d'une telle ampleur (14 m) alors de fait, personne ne peut être tenu comme coupable de la catastrophe de Fukushima. C'est ce discours qui fut tenu face aux familles des victimes, dont 44 patients de l’hôpital de Futaba décédés au cours de l’évacuation chaotique qui suivit l’accident nucléaire. Innocentés une première fois en 2019, l’ancien président du conseil d’administration de Tepco, Tsunehisa Katsumata, et les anciens vice-présidents Sakae Muto et Ichiro Takekuro, ont été acquittés en appel en janvier 2023 par la Haute-Cour de Tokyo. Les trois hommes étaient accusés de négligence ayant entraîné la mort. La défense s’appuyait sur l’impréparation notoire de Tepco contre les tsunamis.
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