En faisant le choix de subventionner le prix de l’électricité pour sa propre industrie, l’Allemagne s’est une fois de plus affranchie des règles européennes qu’elle impose aux autres, en l’occurrence celle de la concurrence « libre » et « non faussée ». Une parfaite occasion de découvrir (ou redécouvrir) les témoignages édifiants de deux anciens PDG d’EDF, Henri Proglio et Pierre Gadonneix, rappelant devant une commission d’enquête de l’Assemblée nationale de 2022 l’obsession allemande et européenne pour le sabotage du système électrique français.

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publié le 10/12/2025 Par Camille Adam
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Suite aux perspectives de risques de coupures massives d’électricité de l’hiver 2022/2023 et à l’augmentation brutale du prix de l'électricité, une commission d’enquête a été ouverte à l’Assemblée nationale pour tenter de comprendre les causes de cette débâcle énergétique au pays de l’atome.

Cette commission d’enquête est probablement l’une des plus importantes jamais ouverte, au moins au regard des personnes convoquées : tous les anciens Présidents de la République encore en vie, tous les anciens Premiers ministres, tous les anciens ministres ayant touché de près ou de loin la question du mix énergétique français (ministres de l’Industrie, de l’Écologie, etc.), soit 88 auditions pour un total de 150 heures.

On a ainsi pu voir Nicolas Sarkozy, François Hollande, Lionel Jospin ou encore Dominique Voynet rendre des comptes sur les choix faits au nom de la France sur ces questions énergétiques.

Dans ce cadre, tous les anciens dirigeants d’EDF ont également été appelés à témoigner. Tous ont pointé le rôle néfaste des directives européennes dans son naufrage (le système mis en place par celles-ci ayant forcé EDF, via l’ARENH, à subventionner à perte des concurrents artificiels n’ayant aucune capacité de production électrique, c’est-à-dire des traders).

Mais deux de ces intervenants, Henri Proglio et Pierre Gadonneix, ont pointé plus spécifiquement le rôle de l’Allemagne qui, de manière continue, aurait instrumentalisé le droit européen pour saboter délibérément le système énergétique français. Ces constats font notamment écho au rapport de l’École de guerre économique consacré au le rôle des fondations politiques allemandes dans l’ingérence et la manipulation du débat public français sur la question du nucléaire.

Les deux archives vidéo qui vous sont présentées ci-dessous font état de leurs observations sur le sujet.

Les conclusions de cette commission d’enquête, publiées le 30 mars 2023, sont très claires : le fait d'avoir laissé le marché européen se construire est considéré comme l'une des six erreurs majeures de notre politique énergétique :

Les six erreurs de notre politique industrielle

1. Prévisions énergétiques : avoir sous-estimé nos besoins d’électricité au regard de nos objectifs écologiques et de la sortie nécessaire des énergies fossiles, sans réflexion de long terme sur nos ambitions industrielles et climatiques.

2. Opposition des énergies renouvelables électriques et du nucléaire : s’être focalisé sur le mix électrique, alors qu’il est déjà pilotable et décarboné, et l’avoir fait forcément au détriment de la sortie des énergies fossiles qui entraîne des défis immenses comme l’électrification des usages et l’impact sur le réseau, la capacité à assumer une part de sobriété énergétique, etc.

3. Parc nucléaire : ne pas avoir anticipé la prolongation de la durée de vie des centrales nucléaires ainsi que leur renouvellement en série industrielle et non en un chantier isolé, ce qui a fragilisé à la fois la filière nucléaire, ses compétences et la capacité du pays à se relancer dans un chantier d’envergure.

4. Énergies renouvelables : ne pas avoir construit plus vite de filières industrielles d’énergies renouvelables pour remplacer les énergies fossiles, à mesure que des objectifs étaient fixés.

5. Marché européen : avoir laissé se construire depuis 20 ans un cadre qui a fragilisé le modèle énergétique français et EDF, au travers de la loi NOME, du dispositif de l’ARENH, du statut des concessions hydroélectriques et des règles d’échanges de l’électricité.

6. Recherche : avoir arrêté le réacteur Superphénix en 1997 et ne pas avoir préservé notre avance dans la recherche et le développement de la 4ème génération post‑2019.

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