Depuis deux ans, la Banque centrale européenne (BCE) et la Commission européenne planchent sur l’éventuelle mise en place d’un euro numérique. Cette nouvelle monnaie de banque centrale (MNBC) « serait équivalente aux espèces, mais sous forme électronique », « sûre », « confidentielle » et « accessible à tous », dans le but de « moderniser les paiements » et de « renforcer la souveraineté monétaire de l’Europe » face à une double menace : la chute de l’utilisation du cash au profit de mastodontes américains comme Visa, Mastercard, PayPal ou Google Pay, et la montée en puissance spectaculaire des bitcoins et stablecoins. S’il venait à se mettre en place – ce qui ne fait que peu de doutes tant la BCE y tient – son adhésion auprès du public est loin d’être évidente, tant l’euro numérique n'apporterait aucune valeur ajoutée par rapport aux solutions de paiements et transferts déjà existantes. Le projet, teinté de craintes sur un potentiel contrôle social de masse, devrait être voté courant 2026, et ne serait déployé que deux à trois ans plus tard. Mais il apparaît déjà très affaibli, phagocyté par des lobbies bancaires qui ont obtenu d’en plafonner les montants, sous la menace d’une déstabilisation du système financier mondial. Anatomie d’un projet voué à l’échec, qui pourrait bien conduire l’Europe au rang de tiers-monde monétaire.
L’euro numérique avance, dans un silence assourdissant. Depuis deux ans, la Commission européenne et la Banque centrale européenne (BCE) planchent sur cette nouvelle forme de monnaie publique de banque centrale (MNBC), censée moderniser les paiements dans la zone euro et renforcer l'autonomie stratégique de l’Europe. Des articles de presse l'évoquent, repris de communiqués et éléments de langages officiels, mais bien peu d’analyse, de décryptages ou de mises en perspectives, contrairement au traitement réservé en Allemagne ou dans les pays nordiques, où le débat bat son plein sur la question de la vie privée, de la désintermédiation, du contrôle des données (et donc des populations), ou encore sur la crédibilité d’une telle stratégie en matière de souveraineté dans un contexte de bouleversements majeurs du système monétaire international.
Pour les Français, bien trop occupés par un état dépressionnaire généralisé, amplifié par un État démissionnaire de ses fonctions primaires, l’idée consisterait simplement à se demander si, en tant que citoyens faisant partie de la zone euro, ils utiliseraient (ou pas) l’euro numérique dans le cadre de leurs paiements et virements quotidiens. Autant dire que c’est le cadet de leurs soucis ! Quand il s’agit de payer loyer, factures, billets de train, petit café du matin… les outils actuels (virements, paiements, transferts…) fonctionnent très bien. Une enquête de la BCE elle-même, datant de mars 2025, révèle que près de 60 % des Européens estiment « improbable ou très improbable » de recourir à l’euro numérique pour leurs achats quotidiens, mettant en avant l’absence d’avantages réels par rapport aux moyens de paiement existants.
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